Submergée par l'afflux de migrants, l'Allemagne a décidé de passer à l'action. Dimanche, le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a annoncé que le pays rétablissait "provisoirement des contrôles à ses frontières, en particulier avec l'Autriche". Une volte-face qui traduit la difficulté du pays à faire face aux centaines de milliers de demandes d'asile. Mais comment l'Allemagne s'y prend-elle pour réguler cet afflux permanent ? Explications.
Un déploiement policier massif. Plusieurs milliers de policiers ont passé la nuit de dimanche à lundi sur la route : par convois de bus, parfois même en hélicoptères, pour rejoindre au plus vite la frontière Sud du pays, bouclée depuis dimanche après-midi.
L'armée prête à être mobilisée. Berlin a en effet ordonné que tous les effectifs de la police fédérale soient envoyés sur zone. Et si besoin, ils auront le renfort de l'armée. Une disposition normalement interdite par la constitution allemande, sauf en cas de catastrophe naturelle. C'est dire si l'Allemagne a le sentiment d'être débordée, emportée par le tourbillon de cette crise migratoire.
"Je veux juste venir en Allemagne". Sur place, à la frontière austro-allemande, des migrants ont déjà été stoppés. Une dizaine de fourgons de police, gyrophares allumés, accueillent les réfugiés qui posent le pied sur le sol allemand. A l'instar, d'Adil, réfugié afghan. Ce père de famille a marché durant plusieurs jours avec ses quatre enfants, avant d'arriver à cette frontière, épuisé : "La police m’a dit d’attendre ici, je n’en sais pas plus. Peut-être qu’ils vont nous ramener en Autriche, je n’en sais rien", confie-t-il à Europe 1.
"Moi, je veux aller en Allemagne. L’Allemagne a invité les gens d’Afghanistan, de Syrie [...] Je suis très fatigué, je veux juste venir en Allemagne", poursuit-il. Après avoir été interceptés par la police, les migrants restent sur le bas-côté, en attendant de savoir s'ils pourront ou non continuer leur périple.
Le rétablissement des frontières "est vraiment étrange". Une situation qui fait prendre conscience aux résidents de la zone de l'existence de cette frontière entre l'Allemagne et l'Autriche, habituellement "effacée" par la libre-circulation que permettent les accords Schengen. "C’est vraiment incroyable parce que je franchis cette frontière tellement de fois. Avant ce matin, je ne remarquais même pas que j’étais en train de passer une frontière. Et là, il est très clair qu’on est en train d’aller entre deux pays bien différents. C’est vraiment étrange", réalise au micro d'Europe 1 une jeune allemande rentrant chez elle, après avoir passé la soirée en Autriche.
Les transports en commun réquisitionnés. A Munich, qui peine à gérer l'arrivée massive des migrants, il n'y avait plus aucun bus disponible ce week-end. Tous étaient réquisitionnés pour le transport des réfugiés. Autre exemple, un train à grande vitesse, en direction de Berlin, a été vidé au dernier moment de tous ses passagers pour les remplacer par des migrants à envoyer d'urgence vers le nord pour désengorger la Bavière.
Mieux répartir les migrants. Officiellement, le retour des contrôles à la frontière est temporaire, juste pour donner le temps à l'Allemagne de s'organiser. L'objectif désormais est de mieux diriger les trains en provenance de Hongrie afin qu'ils n'arrivent plus à Munich, mais répartissent directement les réfugiés sur l'ensemble du territoire. Un immense défi logistique et humain.