Le dernier étage de l'ambassade américaine, située à deux pas du palais présidentiel derrière les Champs-Elysées, servait de station d'écoute à la NSA pour les écoutes présidentielles révélées par Wikileaks mardi.
Comment les services de renseignement américains s'y sont-ils pris pour mettre sur écoute les portables de trois présidents français ? Après la révélation par Wikileaks, Libération et Mediapart mardi d'une politique d'espionnage et d'écoute ciblée de la NSA visant les trois derniers présidents, des membres du gouvernement et des diplomates, le journaliste spécialisé sur les questions de surveillance Jean-Marc Manach répond à cette question dans Libération. Washington a tout simplement installé une station de renseignement dans son ambassade à Paris.
Un dernier étage intrigant. La supercherie est grossière pour qui s'attarde un peu sur le bâtiment de l'ambassade des Etats-Unis. Au sommet de ce bâtiment haussmanien tout ce qu'il y a de plus classique trône un dernier étage un peu spécial. Plus clair, rectangulaire, il ne correspond en rien à l'architecture de sa maison-mère.
Derrière les fausses fenêtres, une station d'espionnage. Et pour cause, il s'agit d'un ajout plus récent, d'une station d'espionnage, cachée derrière une simple bâche, sur laquelle sont imprimées des fausses fenêtres en trompe-l'œil pour faire illusion. Il faut dire que l'endroit, visible de n'importe quel passant, est rêvé. L'ambassade américaine, située non loin de la place de la Concorde, en plein cœur de Paris, se situe à quelques encablures de l'Elysée, mais aussi des ministères de la Défense, de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires Etrangères ou encore de l'Assemblée Nationale.
80 stations américaines de ce type dans le monde.Libération rappelle que le blogueur Zone d'intérêt avait déjà affirmé en décembre 2013 qu'une station d'espionnage était installée dans ces bâtiments depuis 2005. D'après le journal allemand Der Spiegel, les Etats-Unis disposeraient ainsi de 80 stations de ce type, disséminées dans le monde à des endroits stratégiques.
Pour Didier François, spécialiste des questions militaires et stratégiques à Europe 1, "ces écoutes ne surprennent que Wikileaks, pas les chefs d’Etat français". "A partir du moment où le président de la République ne veut pas utiliser des moyens cryptés c’est parce qu’il estime que ce qu’il dit sur son téléphone privé ne relève pas du secret défense", poursuit le journaliste.
Regardez l'analyse de Didier François :
"Ces écoutes ne surprennent que Wikileaks !"par Europe1fr