Dimanche soir aux Golden Globes, le tonnerre d’applaudissements récolté par Meryl Streep témoignait de l’immense popularité de l’actrice, récompensée pour sa "contribution exceptionnelle au monde du divertissement". Mais ces vivas du parterre d’invités sonnaient aussi comme un soutien au discours offensif, et surtout très politique, prononcé par l’actrice au cours de la cérémonie.
Discours anti-Trump. Cinq minutes durant, devant une assistance conquise et sans jamais citer Donald Trump, qu’elle nomme "la personne qui voulait s’installer à la place la plus respectée du pays", Meryl Streep a fustigé la phobie migratoire du nouveau président américain : "Hollywood est rempli d'étrangers et d'outsiders. Si vous mettez tout le monde dehors, vous n'aurez plus rien d'autre à regarder que du football et du free-fight. Ce n'est pas ce que l'on appelle de l'art", a-t-elle ironisé la voix étranglée par l'émotion. Avant de dénoncer l’un des gestes les plus décriés de Donald Trump, rappelant que ce dernier s’était moqué d’un journaliste handicapé du New York Times en novembre dernier.
Un soutien financier d’ampleur à Hillary Clinton. Il faut dire qu’Hollywood a toujours combattu Donald Trump. Pendant la campagne électorale, à coups de dollars d’abord, le Center for Responsive Politics estimant que les stars américaines ont donné 19,5 millions d'euros à Hillary Clinton, mais aussi coups de déclarations fracassantes. Au fil des mois, la liste des célébrités anti-Trump s'est allongée : Robert Downey Junior, Scarlett Johannson, Beyoncé, Katy Perry, Miley Cyrus, Steven Spielberg, George Clooney, Justin Timberlake, Jennifer Aniston, Tobey Maguire, Katie Holmes…
Le président crie à la manipulation. Mais plus les icônes du cinéma et du show-business s’élèvent contre lui, plus ils renforcent le milliardaire. La diatribe de Meryl Streep en est un nouvel exemple : en communicant avisé, Donald Trump a répliqué sur Twitter lundi matin. Sa réponse ? L’outrance –Meryl Streep est la « larbin » d’Hillary Clinton- et l’indignation : "Je ne me suis jamais moqué de ce journaliste !", s’ est-il emporté avant de conclure sur son refrain préféré, mettant acteurs et journalistes dans le même panier : "Des médias juste encore plus malhonnêtes !".
Outrance et chasse au buzz. En terme de communication, Donald Trump poursuit donc sur la lancée de sa campagne. Le nouveau chef de l’Etat américain doit en effet une partie de sa victoire à la critique des médias et de l’establishment. Plusieurs femmes l’accusent de harcèlement sexuel ? Il dénonce des "médias corrompus" et une "élection truquée". George Clooney le descend en flèche ? Il l’accuse d’être le VRP des démocrates, et accessoirement un "sous-Cary Grant". Des répliques acerbes qui lui permettent de faire parler de lui. Et de continuer à se présenter comme un homme du peuple…
Pourtant, Donald Trump est bien implanté à Hollywood, qu’il le veuille ou non. S’il n’a récolté que 350 000 dollars de la part des studios de Los Angeles lors de sa campagne, il a rallié le soutien de Clint Eastwood, Charlie Sheen, Hulk Hogan, Jon Voigt ou encore Steve Mnuchin, le producteur d’Avatar. Mieux, il a même son étoile sur Hollywood Boulevard, détériorée à plusieurs reprises par ses opposants, mais aussi tout un complexe immobilier, siglé à son nom, qui trône sur Ocean Drive. Mais cette proximité-là, les stars hollywoodiennes, toutes occupées à critiquer sa politique, n’en parlent pas.