Comment l'Inde compte dynamiser sa croissance

L'économie indienne devrait dépasser celle de la France l'an prochain.
L'économie indienne devrait dépasser celle de la France l'an prochain. © Sajjad HUSSAIN / AFP
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M.B.
L'économie indienne, qui a essuyé quelques revers ces dernières années, se redresse et pourrait bientôt dépasser celle de la France.

L'économie indienne progresse et pourrait bientôt dépasser celle de la France. C'est la conclusion d'un rapport du Centre for Economics and Business Research (CEBR), publié mardi. Selon l'institut britannique, New Delhi pourrait dépasser Londres et Paris dès l'année prochaine, pour se hisser de la septième à la cinquième place au classement mondial des grandes puissances économiques. En 2032, l'Inde pourrait monter sur la troisième marche du podium. Et serait même apte à prendre la première place du classement "au cours de la deuxième moitié de ce siècle", indique le rapport du CEBR.

Des "revers passagers". Ces conclusions peuvent paraître surprenantes, car l'économie indienne n'était pas au meilleur de sa forme ces dernières années. Certes, une augmentation du PIB annuelle de 7,1% (la performance de l'Inde en 2016) ferait pâlir de jalousie bien des pays européens. Mais c'est bien moins que dans les années 2000, et la tendance était plutôt à la décélération ces derniers mois. D'avril à juin 2017, la croissance a aussi ralenti pour le sixième trimestre d'affilée. Début octobre, la Banque centrale du pays avait même abaissé ses prévisions de croissance. Et ce, alors que l'économie mondiale connaissait plutôt une reprise. Mais il s'agit de "revers passagers", selon le CEBR. "L'économie indienne est en mesure de rattraper celles de la France et du Royaume-Uni en 2018." Plusieurs facteurs vont l'y aider.

Consommation. D'abord, parce que l'économie indienne est portée par la consommation, qui pèse pour environ 60% du PIB. Or, toutes les estimations démographiques tablent sur le fait que la population de l'Inde dépassera celle de la Chine dans les années à venir. Selon le démographie chinois Yi Fuxian, de l'université de Wisconsin Madison, c'est même déjà le cas mais Pékin a surestimé le nombre de naissances entre 1990 et 2016. Quoi qu'il en soit, une forte démographie rime avec une hausse de la consommation et donc du PIB.

" L'économie indienne est en mesure de rattraper celles de la France et du Royaume-Uni en 2018. "

"Make in India". Mais ce dynamisme démographique ne suffira pas à renforcer l'économie indienne, qui repose précisément trop sur la consommation. Il faut aussi réindustrialiser le pays, attirer plus d'investissements étrangers et dynamiser les exportations. C'était tout l'objectif du plan "Make in India", lancé par le Premier ministre Narendra Modi après son arrivée à la tête du pays, en 2014. Si celui-ci s'est heurté à de nombreuses difficultés, plusieurs mesures mises en place ont ou vont commencer à porter leurs fruits.

Taxe unique et investissements. C'est le cas, par exemple, de la TVA harmonisée votée par le Parlement européen l'année dernière. Avant, les 29 États du pays avaient une fiscalité différente et les taxes indirectes se multipliaient. Une taxe unique permettra de nouvelles recettes pour New Delhi, et ce mouvement global en faveur d'une simplification fiscale et administrative rassure les entreprises étrangères. "Depuis quelques années, l'Inde attire les investissements étrangers, notamment en provenance du Japon et des États-Unis", ajoute Jean-Joseph Boillot, économiste auteur de L'Économie de l'Inde, dans les colonnes du Figaro. "L'Inde bénéficie d'une prime de défiance vis-à-vis de la puissance chinoise."

Diversification. Selon une étude de l'Université de Harvard publiée cet été, l'économie indienne peut en outre s'appuyer sur une diversification des secteurs de production. Ces dernières années, notaient les chercheurs, l'Inde s'est spécialisée dans les produits chimiques, les transports ou encore les produits électroniques, des filières à hautes valeurs ajoutées. Les projections de l'université de Harvard rejoignent donc celles du CEBR, qui estime que New Delhi sera le "pôle économique de la croissance mondiale", en lieu et place de la Chine. Les prévisions de croissance pour l'Empire du Milieu sont en effet limitées, autour de 4,5% par an dans la prochaine décennie.