Les violences en Colombie ont fait 262.197 morts en soixante ans, dont 82% de civils, selon un rapport officiel mis à jour jeudi.
Les paramilitaires d'extrême-droite, les plus meurtriers. La grande majorité des tués "sont des personnes issues de la population civile : 215.000 civils contre 46.813 combattants", précise le Centre national de la mémoire historique (CNMH), l'organisme public à l'origine de cette étude. Les paramilitaires d'extrême droite sont les principaux responsables des tueries, avec 94.754 homicides qui leur sont imputés. Les guérillas de gauche sont jugées responsables elles de la mort de 36.683 personnes tandis que les agents de l'Etat ont tué 9.804 personnes, précise le rapport. Les autres meurtres sont imputés à des groupes issus de la démobilisation de milices d'extrême droite en 2006, ou à des acteurs non identifiés.
Un bilan en hausse car de nouvelle sources. Dans une première enquête officielle publiée il y a six ans, intitulée "Basta Ya", le CNMH estimait que l'embrasement du pays avait fait 220.000 morts entre 1958 et 2012. Le nouveau bilan publié jeudi étend la période d'analyse du conflit jusqu'en 2018 et intègre de nouvelles sources, ce qui explique l'augmentation du nombre de victimes recensées.
Les mouvements de guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et de l'Armée de libération nationale (ELN) étaient entrés en guerre ouverte contre le gouvernement en 1964. Ce conflit a, au fil des décennies, impliqué différentes milices paramilitaires, plus d'une trentaine de guérillas et l'armée faisant, en plus des morts et des disparus, 6,9 millions de personnes déplacées.
Les enlèvements et violences sexuelles aussi évalués. Le CNMH revoit à la hausse également dans son rapport le nombre d'enlèvements sur cette période. Il évalue le nombre de personnes enlevées à 37.094, contre 27.023 il y a six ans, la majorité ayant été entre les mains des FARC et de l'ELN. Le nombre de violences sexuelles répertoriées explose, passant de 1.754 dans le précédent rapport à 15.687 aujourd'hui, pour la période allant de 1958 à 2018. Les auteurs de l'étude estiment enfin que 17.804 mineurs ont été recrutés par divers groupes armés pendant ces décennies de violence.