La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, jadis appelée "Reine des élections", était menacée vendredi d'être emportée par un retentissant scandale de corruption devant le Parlement qui s'apprêtait à se prononcer sur une motion de destitution.
Démocratiquement poussée vers la sortie. Empêtrée depuis de longues semaines dans cette affaire qui fascine le pays, Park Geun-Hye doit affronter la perspective d'être le premier chef de l'État sud-coréen démocratiquement élu à être mis dehors. Si la motion est votée par les députés, elle devra encore être validée par la Cour constitutionnelle, ce qui pourrait prendre jusqu'à six mois. Mais Park Geun-Hye serait immédiatement suspendue de ses fonctions qui seraient confiées au Premier ministre. Elle n'aurait plus de présidentiel que le titre.
Une motion proche de l'adoption. Quelle que soit l'issue du vote, il s'agit d'une étonnante disgrâce. Park Geun-Hye est entrée à la Maison bleue, la présidence sud-coréenne, en affirmant ne rien devoir à personne et être "mariée à la nation". La motion de l'opposition l'accuse de violations de la Constitution et de délits pénaux, échec à protéger le peuple, corruption, abus de pouvoir... Elle doit être adoptée par les deux tiers des 300 membres de l'Assemblée nationale.
La semaine dernière, le texte avait obtenu le soutien des 171 députés indépendants et de l'opposition. Il lui manquait donc celui de 29 membres du parti conservateur de Park Geun-Hye, le Saenuri dont les députés anti-Park ont soufflé le chaud et le froid sur leurs intentions mais semblent désormais décidés à voter le texte. La marche tumultueuse vers ce vote s'explique en bonne partie par les millions de personnes qui sont descendues dans la rue pour exiger le départ de la présidente. L'anonymat du vote alimente les spéculations sur le fait que certains puissent voter "non" en ayant affiché leur soutien au "oui" pour complaire à l'opinion publique.
Une confidente bien encombrante. Le scandale est centré sur Choi Soo-Sil, amie proche de la présidente. Arrêtée début novembre, cette confidente attend son procès pour extorsion et abus de pouvoir. La "Raspoutine" sud-coréenne est accusée d'avoir utilisé ses relations d'amitié avec la présidente pour forcer les groupes industriels à verser environ 70 millions de dollars à des fondations douteuses, et de s'être servie de ces dernières comme tirelire personnelle. Elle est aussi soupçonnée de s'être mêlée des affaires de l'État. La présidente est suspectée de complicité et pour la première fois, un chef de l'État en exercice a été qualifié de "suspect" par le parquet.