Des milliers de Sud-Coréens ont manifesté samedi à Séoul sous une étroite surveillance policière pour exiger la démission de leur présidente Park Geun-Hye, qui a endossé la pleine responsabilité du vaste scandale politico-financier qui la vise. Au cours de l'une des plus importantes manifestations organisées dans le pays depuis des années, quelque 40.000 personnes selon la police, 200.000 selon les organisateurs, ont appelé au départ de Park Geun-Hye lors d'une veillée aux chandelles.
Environ 20.000 policiers ont été mobilisés pour encadrer les manifestants, pacifiques, quoique résolus dans leurs discours. Dans le cortège, de nombreux collégiens et étudiants ainsi que des familles avec des enfants en poussette. Poing levé, ils ont scandé: "Park Geun-Hye démission ! Vous êtes assiégée !".
Thousands now marching in Seoul, calling for president to resign. Biggest Korean demonstration since 2008 beef protests. About 43,000 here. pic.twitter.com/JCriIL02QV
— James Pearson (@pearswick) 5 novembre 2016
"Des excuses ridicules". La présidente est accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère de l'ombre, Choi Soon-Sil, qui aurait profité de son ascendant pour spolier des groupes industriels. Choi Soon-Sil a été arrêtée jeudi pour fraude et abus de pouvoir. La colère des Sud-Coréens n'est pas retombée malgré une allocution télévisée vendredi empreinte d'émotion lors de laquelle la présidente a reconnu avoir été imprudente, et s'est dite prête à être entendue par le parquet malgré l'immunité que lui garantit son statut. "Son discours m'a rendue encore plus furieuse", a déclaré Park Mee-Hee, 44 ans, qui manifeste avec sa fille. "Elle n'a pas arrêté de faire des excuses ridicules comme si elle était totalement innocente".
Une amie ingérée dans les affaires d'Etat ? La présidente, dont la côte de popularité a chuté à 5%, a reconnu vendredi être responsable du scandale qui implique sa confidente et amie de 40 ans, en ayant été, par amitié, "négligente" et insuffisamment vigilante. Mais l'opinion publique s'inquiète aussi de savoir si Choi Soon-Sil s'est ingérée dans les affaires de l'Etat et a eu accès à des documents confidentiels alors qu'elle n'avait ni fonction officielle ni habilitation de sécurité. Il est toutefois peu probable que la présidente démissionne. Les analystes estiment généralement qu'elle terminera tant bien que mal son mandat avec une légitimité très diminuée, affaiblie, outre le scandale Choi, par le ralentissement de la croissance sud-coréenne, la montée du chômage et les tensions militaires avec la Corée du Nord.