C'est un véritable sésame sans lequel il est interdit de circuler dans le pays européen le plus touché par le coronavirus. Depuis bientôt une semaine, chaque Italien qui veut sortir de chez lui doit le faire pour une raison valable, avec un laissez-passer. Une mesure prise très au sérieux par les carabinieri, les gendarmes italiens, qui multiplient les contrôles sur les routes, comme celui auquel à pu assister notre reporter, sur la principale avenue de Milan.
Un laissez-passer par trajet
À première vue, cela peut ressembler à un contrôle de routine, mais au lieu de demander le permis et les papiers du véhicule de l'automobiliste qu'il vient d'arrêter, le major Carmine Elefante veut voir son laissez-passer. Spontanément, alors qu'elle lui tend, la conductrice justifie sa présence derrière son volant : "J'ai raccompagné ma femme de ménage chez elle, et maintenant je vais faire des courses", explique-t-elle. Si elle pense être en règle, il n'en n'est rien : il faut un laissez-passer par trajet, et cette conductrice n'en n'a qu'un seul.
Agacée par le contrôle qu'elle juge "excessif", arguant qu'elle n'est pas "une délinquante", elle s'en tire pourtant à bon compte : il s'agit plus là d'une erreur de procédure que d'une réelle volonté de braver la loi, et le gendarme se montre clément. "Pour le moment, on est dans une phase de sensibilisation pour que les gens comprennent quand ils peuvent sortir ou non", explique-t-il au micro d'Europe 1.
500.000 contrôles en quatre jours
Une magnanimité qui n'est cependant pas dépourvue d'une certaine sévérité quand un Italien ose lui mentir. "On a croisé un jeune homme qui disait aller acheter à manger, alors qu'en réalité il amenait une console de jeux à un ami qui s'ennuyait. On ne l'a pas raté."
Mais ces cas de déplacements sans laissez-passer sont loin d'être la majorité. D'après les chiffres officiels, sur les 500.000 contrôles de véhicules et d'entreprises effectués par les forces de l'ordre depuis quatre jours, 20.000 n'étaient pas en règle, soit seulement 4%.