Records de cas, hausse des hospitalisations... Le sud des États-Unis, de la Floride à la Californie, est devenu le point chaud de l'épidémie de coronavirus de la première puissance mondiale, entraînant le retour des restrictions. Signe de cette recrudescence, le nombre de nouvelles infections quotidiennes s'est rapproché mercredi de ses niveaux records, avec près de 36.000 cas en 24 heures. Une hausse qui dure depuis plusieurs jours et qui est d'autant plus inquiétante qu'au mois de mai, les nouvelles contaminations quotidiennes s'étaient stabilisées autour des 20.000.
Près de la moitié des 50 États américains ont ainsi connu une augmentation du nombre de cas au cours des deux dernières semaines, et certains, comme le Texas, la Floride et la Californie, affichent désormais des records quotidiens dans le nombre de cas recensés.
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Une première vague qui n'en finit pas
Contrairement à l'Europe, les États-Unis ne sont jamais complètement redescendus de leur "pic" : la première vague, commencée avec un peu de retard par rapport à l'Europe, n'en finit pas. Le pays est toujours le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec près de 122.000 décès pour 2,4 millions de cas. Par comparaison, l'Union européenne, après avoir connu un pic proche de celui des Etats-Unis, enregistre aujourd'hui de l'ordre de 4.000 nouveaux cas par jour. D'après le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield, entre 5 et 8% de la population américaine a été contaminée.
Une fin de première vague qui pourrait être même pire selon le docteur Julien Cavanagh, neurologue et chef des internes de la Stade University of New York, qui anticipe au micro d'Europe 1 une "saturation du système de santé dans un certain nombre d'endroits ruraux". Il pointe également que ces régions connaissent des "taux d'obésité, d'hypertension et de diabète élevés, rendant le Covid-19 encore plus grave".
Le sud du pays, nouvel épicentre national
Le chiffre américain global cache en réalité deux tendances. Dans les villes frappées en premier, dès mars (et de façon non détectée dès février), principalement dans le Nord-Est et à New York, le coronavirus est sous contrôle et la courbe des infections ressemble à celle observée en Europe. Mais une autre partie du pays a pris le relais en juin : le Sud et l'Ouest, dans des États comme l'Arizona, la Floride, le Texas, mais aussi la Californie, qui avait pourtant imposé un confinement tôt dans la pandémie.
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Le Texas suspend son déconfinement, le retour des restrictions
Le Texas, qui avait très vite entamé son déconfinement début mai, a ainsi enregistré mercredi 5.551 nouvelles infections, et a décidé de mettre son déconfinement en suspens. "Cette pause temporaire va aider notre Etat à contenir la propagation jusqu'à ce que nous puissions entrer dans la nouvelle phase de réouverture pour les commerces", a déclaré le gouverneur Greg Abbott dans un communiqué publié ce jeudi.
De son côté, la Californie aussi a battu un nouveau record pour le troisième jour consécutif mercredi, avec plus de 7.100 nouveaux cas recensés sur près de 200.000 au total. Quant à la Floride, elle déplorait mercredi 5.508 cas, un record également. Depuis mardi, le port du masque a été rendu obligatoire dans la grande ville balnéaire de Miami et une dizaine de villes de la région. C'était déjà le cas depuis la semaine dernière à Orlando, Tampa, ou les célèbres îles des Keys.
Mais les États du sud ne sont pas les seuls à avoir pris des mesures, puisque New York, le New Jersey ainsi que le Connecticut ont décrété mercredi une quarantaine pour les Américains venant des zones où la pandémie accélère.
Des mesures barrières pas assez respectées
Quant à connaître l'origine d'une telle hausse, une partie de la réponse est certainement à trouver du côté du respect aléatoire des mesures barrières par les citoyens des zones où le virus progresse. Faute d'être obligatoires dans la plupart de ces juridictions du Sud, le port du masque en public et la distanciation physique ressemblent à de vagues consignes soumises au bon vouloir de chacun. Concrètement, le visage découvert est la norme dans la rue.
Une répercussion de la politique de Trump ?
Un phénomène d'autant plus intéressant à constater que ces États sont majoritairement gouvernés par des Républicains, comme Donald Trump, qui a minimisé la pandémie et encouragé un déconfinement rapide. Le 5 juin dernier, alors que la pandémie tuait 1.000 de ses concitoyens quotidiennement, le président américain avait assuré que son pays avait "largement surmonté" la crise et avait appelé les gouverneurs des États où le confinement était toujours en vigueur à le lever.
Des contaminés plus jeunes qu'au mois de mars
Mais cette hausse pourrait également trouver une explication par le comportement des personnes les moins à risque. D'après les données des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), analysées par des chercheurs de l'école de santé publique mondiale d'Harvard, les moins de 65 ans représentent 82% des cas positifs au 31 mai, contre 63% au 1er mars. Cette évolution générationnelle dans les contagions doit encore être confirmée, mais elle serait cohérente avec le désir des Américains les moins vulnérables de retourner à une vie "normale".
Les épidémiologistes indiquent également surveiller l'effet des grandes manifestations antiracistes, démarrées après la mort de George Floyd, sur la pandémie.