Quelque 60 millions d'Italiens sont priés de rester chez eux à compter de mardi, conformément à un décret pris par le gouvernement de Rome, sans précédent dans le monde, afin de lutter contre le coronavirus dont la progression, proche de la pandémie selon l'OMS, a déjà tué plus de 4.000 personnes. "Tutti a casa" (tous à la maison), "tout ferme": les titres de la presse italienne résument ainsi mardi le nouveau décret signé par le chef du gouvernement Giuseppe Conte, qui étend à toute l'Italie les mesures drastiques confinant depuis dimanche un quart de la population dans le nord du pays.
"Je vais signer un décret que l'on peut résumer ainsi : 'Je reste chez moi'. Il n'y aura plus de zone rouge dans la péninsule. (...) L'Italie toute entière deviendra une zone protégée", a-t-il affirmé sur un ton grave lors d'un point presse au siège du gouvernement à Rome. Tous les Italiens devront "éviter les déplacements" sauf pour aller travailler, pour se ravitailler ou encore pour des soins médicaux. Les rassemblements sont également prohibés.
Des mesures inédites
L'Italie, pays membre du G7, devient ainsi le premier pays de la planète à généraliser des mesures aussi draconiennes pour tenter d'enrayer la progression du coronavirus, qui a déjà fait 463 morts et plus de 9.000 cas dans la péninsule. Dès lundi soir, à Rome ou Naples, des supermarchés ont été pris d'assaut par des Italiens apeurés, par les conséquences de ce nouveau décret, inédit en Europe et dans le monde. La Chine a certes confiné elle aussi plus de 50 millions de personnes à leur domicile, dans la province d'où était partie l'épidémie, mais aucun pays n'a pris de telles mesures à l'échelle de tout son territoire.
Vers une pandémie mondiale
L'épidémie a franchi mardi le cap des 4.000 morts, avec 17 nouveaux décès en Chine, selon un comptage mondial établi par l'AFP. Si l'Organisation mondiale de la santé a estimé que la Chine (plus de 80.700 cas) était "en train de maîtriser l'épidémie", elle a parallèlement averti lundi que "la menace d'une pandémie" à l'échelle de la planète était "devenue très réelle", jugeant toutefois qu'elle pourrait "être contrôlée".
Le nombre des cas dépasse dorénavant les 113.000, dans 101 pays et territoires, selon un bilan établi lundi à 17 heures. L'Allemagne a annoncé ses deux premiers décès, le Canada son premier. Les nouvelles contaminations de lundi (4.233 dans le monde) sont aussi liées à la progression de la maladie en Iran, où près de 600 porteurs du virus supplémentaires ont été enregistrés. Toute l'Union européenne est désormais touchée, avec l'annonce lundi de deux premiers cas à Chypre.