L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a rencontré dimanche après-midi à Abidjan l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire Jean-Christophe Belliard, un échange inédit entre un officiel français et l'ancien chef de l'État depuis décembre 2010, a appris l'AFP de source diplomatique française. La rencontre a duré plus de deux heures, avec "des échanges riches, sans tabou, de manière directe et spontanée dans une atmosphère chaleureuse", a indiqué cette source. "Cela met fin à un long silence", a-t-elle ajouté.
Retour sur une relation tendue
Laurent Gbagbo, au pouvoir entre 2000 et 2011, a entretenu pendant son mandat des relations souvent tendues avec Paris, qu'il a longtemps accusé d'avoir précipité sa chute. Il avait été contraint de quitter le pouvoir après une sanglante crise post-électorale et plusieurs jours de bombardements français qui avaient débouché sur son arrestation, le 11 avril 2011.
Dimanche, de nombreux sujets ont été abordés : les enjeux économiques et politiques de la Côte d'Ivoire, les enjeux régionaux au-delà de la question du Sahel ou encore la perception de la France dans la région. "La rencontre a été cordiale et s'est bien passée", a affirmé à l'AFP Habiba Touré, la porte-parole du Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire (PPA-CI), la formation de Laurent Gbagbo, sans faire plus de commentaires.
Laurent Gbagbo face à l'avenir politique : de la présidentielle de 2025 à ses obstacles juridiques
"Cette démarche s'inscrit dans la volonté de parler à tous les acteurs politiques de la Côte d'Ivoire", à moins d'un an de la présidentielle, a détaillé la source diplomatique française, qui rappelle que Jean-Christophe Belliard a également rencontré Tidjane Thiam, autre opposant de premier plan en Côte d'Ivoire.
Après son arrestation en avril 2011, Laurent Gbagbo avait été transféré à La Haye quelques mois plus tard et a passé huit ans derrière les barreaux, accusé de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI). Définitivement acquitté en mars 2021, il est retourné en Côte d'Ivoire en juin de la même année et a fondé le PPA-CI.
Agé de 79 ans, il a été désigné candidat de son parti pour la présidentielle d'octobre 2025, mais reste pour l'heure inéligible. Il est en effet radié des listes électorales pour une condamnation en Côte d'Ivoire en 2018, pour des faits liés à la crise de 2010-2011.