Le bureau du Premier ministre soudanais, aux mains de l'armée lundi matin, a appelé dans un communiqué diffusé par le ministère de l'Information à "manifester" contre "un coup d'État". Les forces armées ont tiré "à balles réelles" sur des protestataires devant les quartiers généraux de l'armée, dans le centre de Khartoum, la capitale du pays.
Le Soudan en plein chaos. Lundi matin, l'armée soudanaise a mené un "coup d'État" dans la capitale, Khartoum. Les forces armées ont arrêté les dirigeants civils, notamment le Premier ministre Abdallah Hamdok en raison de son refus de soutenir leur opération, a déclaré le ministère de l'Information après des semaines de tensions entre militaires et civils qui se partageant le pouvoir depuis 2019. Le ministère a aussi indiqué que des soldats ont pris d'assaut le siège de la radiotélévision d'Etat soudanaise à Omdourman, ville-jumelle de Khartoum uniquement séparée par un pont sur le Nil, et ils retiennent des employés, toujours selon le ministère de l'Information.
Appel à protester pacifiquement
"Nous appelons la population soudanaise à protester par tous les moyens pacifiques possibles", a indiqué le bureau du Premier ministre soudanais. Celui-ci est emmené par l'armée vers une destination inconnue. Le ministère de l'Information a ajouté sur Facebook que les soldats ont tiré "à balles réelles" sur des protestataires devant les quartiers généraux de l'armée, dans le centre de Khartoum, dont l'accès est bloqué par des blocs de béton et des soldats depuis plusieurs jours.
Le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête des autorités de transition au Soudan, a affirmé lundi qu'il restait lié par les accords internationaux signés par son pays, l'un des quatre États arabes à avoir récemment décidé de reconnaître Israël. Burhane a semblé donner des gages à une communauté internationale qui a multiplié les appels à "revenir à une transition civile" pour satisfaire des Soudanais sortis par dizaines de milliers la semaine passée pour réclamer "un pouvoir civil".
C'est un "coup d'État militaire", dénonce l'Association des professionnels, l'un des fer de lance de la révolte de 2019 qui a mis fin à 30 années de dictature d'Omar el-Béchir dans ce pays d'Afrique de l'Est, l'un des plus pauvre au monde. Avec le syndicat des médecins et des banques, ils appellent à la désobéissance civile à Khartoum déjà plongée dans le chaos, sans internet et avec des rues noires de monde se demandant quel nouveau rebondissement arrive dans un pays déjà secoué par un coup d'État manqué il y a un mois.
Macron condamne le coup d'État "avec la plus grande fermeté"
Cette tentative de coup d'État fait réagir sur la scène internationale. Emmanuel Macron a condamné cette opération "avec la plus grande fermeté" et appelé "à la libération immédiate et au respect de l'intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils". "J'exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais", a souligné le président français dans un tweet.
Les arrestations des dirigeants civils au Soudan sont "inacceptables", a estimé l'émissaire de l'ONU au Soudan Volker Perthes, se disant "très inquiet des informations sur un coup d'État". "J'appelle les forces armées à relâcher immédiatement les détenus", ajoute-t-il alors que selon le ministère soudanais de l'Information, la quasi-totalité des civils au sein des autorités de transition sont aux mains de "militaires".
L'Allemagne a "clairement condamné" cette action militaire qui "doit cesser immédiatement" pour permettre la poursuite d'une "transition politique pacifique vers la démocratie", selon un communiqué du ministre des Affaires étrangères. Les États-Unis se sont dits "profondément inquiets" par la situation. Alors que la Ligue arabe s'est dite "préoccupée" par les "développements" dans le pays, l'Union africaine a appelé à une "reprise immédiate" du dialogue entre civils et militaires.