Fusillade de Munich : "pas la moindre relation" avec le groupe Etat islamique

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Au moins neuf personnes ont été tuées, et au moins 21 blessées, lors d'une fusillade dans un centre commercial à Munich. © STRINGER / AFP
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avec Hélène Kohl et agences , modifié à
Une fusillade a éclaté vendredi soir à Munich, en Allemagne, faisant au moins neuf morts. Selon la police, qui a levé l'alerte, l'auteur de la fusillade était "très probablement" seul, et s'est suicidé.

Au moins neuf personnes ont été tuées vendredi par balles dans un centre commercial de Munich, dans le sud de l'Allemagne. Le tireur, qui était "très probablement seul", s'est quant à lui suicidé, a indiqué la police.

Les infos à retenir :

  • Au moins neuf personnes ont été tuées, et 16 blessées, lors d'une fusillade dans un centre commercial à Munich
  • L'auteur de la fusillade, un Germano-iranien de 18 ans, était "très probablement" seul et s'est suicidé
  • Ses motivations "n'ont pas la moindre relation" avec le groupe Etat islamique
  • Les enquêteurs penchent pour la piste d'un "forcené"

Que s'est-il passé ? La fusillade a éclaté peu avant 18h, lorsqu'Ali David Sonboly a commencé à tirer avec un pistolet sur des gens à la sortie d'un restaurant McDonald's, avant de continuer la fusillade dans le centre commercial voisin, puis de prendre la fuite. Une patrouille de police l'a alors blessé à l'arme à feu mais le jeune homme a réussi à prendre la fuite. Son corps sans vie n'a été retrouvé que plus tard, vers 18h30, par la police, qui a constaté qu'il s'était donné la mort.

Les forces de l'ordre ont pensé dans un premier temps avoir affaire à trois auteurs car une voiture suspecte avec deux hommes à bord avait été aperçue par des témoins en train de fuir à vive allure près de l'endroit des faits. L'information avait semé la pagaille dans Munich, où d'importants moyens de police étaient déployés : forces de l'ordre présentes en nombre, hélicoptères survolant la ville. "Évitez les lieux publics à Munich", avait notamment averti la police munichoise."Il s'est avéré que les deux hommes n'avaient absolument rien à voir avec les faits", a dit le chef de la police locale, Hubertus Andrä, lors d'une conférence de presse. 

Quel est le bilan ? Outre les neuf morts abattues par balles par le tueur armé d'un pistolet, la police déplore 16 blessés, dont quatre par balles. Parmi les personnes décédées figurent "presque exclusivement" des jeunes gens âgés de 15 à 21 ans, dont deux jeunes filles, selon la radio-télévision publique de Bavière. Une femme de 45 ans fait aussi partie des morts, indique encore la télévision. Parmi les nationalités touchées figurent trois Kosovars, trois Turcs et un Grec, selon des sources officielles. Le tireur a, selon la police, probablement tendu un piège à un certain nombre des victimes en "piratant" un compte Facebook, afin de les attirer sur les lieux de la tuerie.

Qui était le tireur ? L'auteur de l'attaque est Ali David Sonboly, un Germano-iranien de 18 ans, dont les motivations n'ont "aucun lien avec le groupe Etat islamique", indique la police. Inconnu des services de police, il souffrait "d'une forme de dépression" selon le procureur. Originaire d'un quartier bourgeois du centre de Munich, il vivait encore chez ses parents qui ont été perquisitionnés cette nuit

"Nous avons trouvé des éléments montrant qu'il se préoccupait des questions liés aux forcenés" auteurs de tueries, notamment des livres et des articles de journaux, a précisé le chef de la police de Munich, Hubertus Andrä, évoquant des similitudes avec la fusillade du tueur norvégien Anders Behring Breivik, survenue cinq ans plus tôt jour pour jour. L'homme, armé d'un Glock, un pistolet autrichien, avait également quelque 300 munitions sur lui, a précisé Robert Heimberger, président de l'Office bavarois des enquêtes criminelles, cité par le site Internet de la ville.

Selon les médias locaux, la famille du tireur habite dans un logement social où résident de nombreux étrangers ou Allemands d'origine étrangère. Le père est actuellement entendu dans les locaux de la police générale. Les voisins parlent d'un garçon calme, encore présent dans le quartier vendredi matin. Plusieurs d'entre eux l'ont immédiatement reconnu sur les vidéos de la tuerie et ce sont eux qui ont informé la police de son identité, alors que la chasse à l'homme était encore en cours.  

Les témoignages. Plusieurs témoins décrivent sur Europe 1 l'effroi ressenti. "Je suis arrivé [au McDonald's] dix minutes ou un quart d’heure avant le début de la fusillade. Je suis entré pour manger quelque chose, à dix minutes près, j’y étais", explique par exemple Mickaël. "J’ai vu les policiers, et un agent m’a dit qu’un jeune homme avait tué cinq ou six personnes. C’est horrible, j’ai peur ", confie-t-il. "Ma grand-mère était dans le centre commercial", raconte pour sa part Arent, qui vit non loin de là. "Alors, j'ai couru la-bas tout en l'appelant, et j'ai entendu des bruits de tirs pour la première fois de ma vie", décrit-il. "C'était vraiment terrible. Les gens hurlaient, il y avait beaucoup de panique".

Une mobilisation sans précédent. Plus de 2.000 policiers ont été mobilisés au moment où les autorités pensaient que plusieurs auteurs étaient en fuite. Parmi eux, des unités d'intervention d'élite venues de tout le pays, y compris le GSG9: cette unité spécialisée dans la lutte antiterroriste a été créée en Allemagne à la suite de la prise d'otages d'un commando palestinien visant des athlètes israéliens pendant les jeux Olympiques de 1972 à Munich.

L'alerte levée. La circulation des transports publics de la ville - trams, trains et autobus - a été interrompue une bonne partie de la soirée, mais ceux-ci ont pu rouvrir dans la nuit. "Tous les transports publics fonctionnent à nouveau", a indiqué la police sur son compte Twitter, précisant que l'alerte était désormais levée, tout en restant "prudente". La gare de Munich, qui avait été évacuée, a aussi rouvert, permettant aux trains qui étaient restés bloqués aux alentours de pouvoir à nouveau circuler.

Dans le nord de Munich. Le centre commercial en question se trouve à proximité du stade olympique de Munich, où le groupe palestinien Septembre noir avait pris en otages onze athlètes israéliens avant de les abattre, lors des Jeux olympiques d'été 1972. 

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© Google Maps

Cette fusillade est intervenue quatre jours après l'attaque au couteau et à la hache menée lundi soir par un Afghan de 17 ans dans un train de Bavière. Quatre voyageurs, hongkongais, ont été blessés à bord du train, et le groupe djihadiste Etat islamique a revendiqué l'attaque menée par le jeune homme, qui a été abattu par la police.