Les États-Unis ont critiqué ouvertement la Chine sur sa gestion de la crise sanitaire du coronavirus, avant que la France et le Royaume-Uni emboîtent le pas à Donald Trump. Un laboratoire de haute sécurité à Wuhan pourrait être le lieu d'un départ accidentel de l'épidémie, selon plusieurs médias américains, ce qu'a démenti l'Institut de virologie de Wuhan. Pékin, isolé et mis en cause, appelle de son côté à l'unité. Au micro d'Europe 1, Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, revient sur la situation, et explique que la question du laboratoire fait partie de la logique intrinsèque au régime chinois.
"Le fond du problème, c'est le fonctionnement du système"
Valérie Niquet rappelle que l'option d'un virus construit en laboratoire est rejetée par tous ceux qui ont étudié le génome, qui ont démontré que le Covid-19 était un virus naturel. En revanche, explique-t-elle, là thèse qu'un virus naturel ait échappé au laboratoire est "tout à fait possible". "Mais le fond du problème, ce n’est pas le laboratoire ou le marché, c’est le fonctionnement du système", explique-t-elle.
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"La Chine dépend du monde donc il faut qu’elle restaure son image"
Pour Valérie Niquet, "le régime chinois ne veut pas devenir plus transparent", et "veut faire oublier ses responsabilités", pour restaurer la puissance de l’image de la Chine. "La Chine a très peur que le monde se détourne d'elle. Elle dépend du monde donc il faut qu’elle restaure son image", explique la responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, affirmant que la Chine "ne dira pas la vérité".
"Le régime tel qu’il existe aujourd’hui ne peut pas dire la vérité", lâche-t-elle. "Ce serait ouvrir la voie à toute une série de possibilités en Chine même qui pourraient amener à la menace principale pour le régime chinois aujourd’hui : un changement de régime ou une évolution politique", justifie-t-elle.
"Les interrogations sur l’OMS sont parfaitement légitimes"
Interrogée à propos des positions de l’Organisation mondiale de la santé, Valérie Niquet reconnaît que c’est une "institution de l'ONU sur laquelle la Chine a réussi à consolider son influence en utilisant des systèmes de votes majoritaires". "L’actuel directeur général de l’OMS, depuis sa nomination en 2017, multiplie les interventions qui sont vraiment mot pour mot le discours chinois sur toute une série de sujets”, explique-t-elle. "Les interrogations sur l’OMS sont, à mon avis, parfaitement légitimes", résume la responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique.
"Malheureusement, tant qu’il n’y aura pas un bouleversement majeur dans le mode de fonctionnement en Chine, je pense qu’il n’y aura pas d’évolutions très positives", conclut-elle. "Et le drame pour nous", indique Valérie Niquet, "c’est que la Chine est au cœur des réseaux de mondialisation et de circulation dans le monde, et quand quelque chose se passe là-bas, ça a des conséquences globales"