Covid : l'Autriche suspend la loi sur la vaccination obligatoire

La ministre autrichienne chargée de la Constitution Karoline Edtstadler a annoncé la suspension de la loi sur la vaccination obligatoire (Archives). © DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP

Un mois à peine après son entrée en vigueur, le gouvernement autrichien a annoncé mercredi la suspension de la loi sur la vaccination obligatoire contre le Covid-19 face à la moindre dangerosité du variant Omicron. "Cette atteinte aux droits fondamentaux" ne paraît pas "justifiée", a ajouté la ministre chargée de la Constitution Karoline Edtstadler.

Le gouvernement autrichien  a annoncé mercredi la suspension de la loi sur la vaccination obligatoire contre le Covid-19 , un mois à peine après son entrée en vigueur, face à la moindre dangerosité du variant Omicron. "Nous avons décidé de suivre l'avis de la commission d'experts" et de "suspendre" le texte, a annoncé la ministre chargée de la Constitution Karoline Edtstadler, lors d'une conférence de presse à Vienne.

"Une atteinte aux droits fondamentaux" qui n'est plus "justifiée"

"Nous ne voyons pas en ce moment la nécessité de mettre en place l'obligation vaccinale au vu du variant actuel", qui provoque des symptômes moins sévères que le variant Delta auparavant dominant, a-t-elle expliqué. Dans ce contexte, "cette atteinte aux droits fondamentaux" ne paraît pas "justifiée", pas "proportionnelle" au risque posé par la pandémie de coronavirus, a ajouté Karoline Edtstadler.

Un point d'étape sera fait dans trois mois. "Tout comme le virus ne cesse d'évoluer, nous devons aussi être flexibles et adaptables", a souligné la ministre. La loi était entrée en vigueur le 5 février, une mesure inédite dans l'Union européenne (UE) et qui avait suscité une forte opposition d'une partie de la population de 8,9 millions d'habitants.

"Le résultat de la pression exercée dans la rue", estime le FPÖ

Le parti d'extrême droite FPÖ, le seul à avoir voté contre au Parlement, a salué cette suspension, y voyant "le résultat de la pression exercée dans la rue". Son chef Herbert Kickl a toutefois regretté que cette loi "anticonstitutionnelle" ne soit pas abrogée purement et simplement. Pendant plusieurs semaines après l'annonce du projet en novembre, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour fustiger une mesure qualifiée de radicale et liberticide.

Les libéraux du parti Neos (opposition) ont quant à eux mis en garde contre "une nouvelle débâcle à l'automne" si "le gouvernement reste les bras croisés" dans les prochains mois.

Près de 9 millions d'Autrichiens étaient concernés

L'ensemble des résidents de plus de 18 ans dans ce pays de 8,9 millions d'habitants étaient concernés par la loi, à l'exception des femmes enceintes, de ceux qui ont contracté le virus il y a moins de 180 jours et enfin de ceux qui pouvaient se faire exempter pour raisons médicales. Les contrôles devaient débuter mi-mars, avec des sanctions variant de 600 à 3.600 euros.

Des voix s'étaient élevées pour revoir le texte, alors que l'Autriche a mis fin début mars à la plupart des restrictions sanitaires. D'autant que la mesure n'a pas permis de faire décoller notablement le taux de vaccination qui se situe toujours autour de 70% de la population, soit en deçà des niveaux observés en France ou en Espagne. Le pays alpin déplore plus de 15.000 décès depuis l'émergence de la pandémie. Il enregistre actuellement des dizaines de milliers de nouveaux cas chaque jour - près de 48.000 jeudi, un record - sans que le système hospitalier ne soit pour autant débordé.