Le portable et la tablette du copilote de l'avion EgyptAir, qui s'est écrasé en mai dernier en Méditerranée, sont dans le viseur des enquêteurs français, selon des informations révélées par Le Parisien vendredi. Leurs emplacements dans le cockpit correspondent en effet aux premières alertes envoyés par l'avion, quelques secondes avant qu'ils ne disparaissent des radars avec ses 66 passagers à bord.
Images de vidéosurveillance. C'est dans des images de vidéosurveillance que les gendarmes français ont trouvé des indices troublants. Elles ont été prises alors que l'avion stationnait sur le tarmac de l'aéroport Roissy-Charles De Gaulle avant son décollage pour Le Caire. On y voit, selon Le Parisien, le copilote déposer son téléphone, une tablette ainsi que des flacons de parfum près des vitres de la partie droite du cockpit.
Trois alertes successives. Or, quelques minutes avant que l'avion cesse de donner signe de vie aux abords d'îles grecques, c'est au sujet des vitres droites du cockpit que les premières alertes ont été enregistrées. La première a renseigné sur un problème de dégivrage ou d'alimentation électronique, une deuxième a indiqué un problème sur la vitre coulissante située du côté du copilote. Enfin, une troisième alerte concerne encore cette vitre. Mais si ces messages permettent de signaler des dysfonctionnements, ils n'indiquent rien de leur origine.
Les batteries en surchauffe ? Pour les enquêteurs, il y a donc bien un parallèle entre les appareils du copilote et le déclenchement des alertes. Mais ils ne peuvent pas pour le moment prouver le lien entre les deux. Le copilote ayant passé les contrôles aéroportuaires avec ses appareils et ses parfums sans problème, les gendarmes français soupçonnent les batteries au lithium de l'iPhone et de la tablette d'avoir été en surchauffe. Désormais, ils doivent confronter cette piste avec ce que les enquêteurs égyptiens ont pu de leur côté découvrir.
"La procédure veut que l’on prenne contact avec la marque en question". Contacté par Europe1.fr, le Bureau d'études et d'analyses (BEA) explique "ne pas savoir d'où viennent ces informations". L’organisme spécialisé dans les investigations de crashs aériens précise également qu’en cas d’enquête sur un produit d’une marque précise dans ce type d’événement, "la procédure veut que l’on prenne contact avec la marque en question". Or, Apple assure ne pas avoir "été contacté par la GTA (Gendarmerie des Transports Aériens) ou toute autre autorité enquêtant sur ce tragique événement".
La Direction Générale de l’Aviation Civile ne souhaite, elle, pas faire de commentaires alors que "plusieurs enquêtes judiciaires et techniques sont en cours". Une source proche de l’enquête émet cependant des doutes sur cette hypothèse : "il faudrait vraiment beaucoup beaucoup de chance pour pouvoir identifier, grâce à des images de caméras de surveillance, le type exact de smartphone et de tablette qui se trouve dans le cockpit d’un avion, qui n’a été présent à Charles-de-Gaulle que de nuit".
"Quand on prépare le vol, ce n’est pas du tout anormal". Enfin, plusieurs pilotes confirment que le placement de smartphones, tablettes ou documents à cet endroit durant la préparation du vol n’a par ailleurs rien d’étonnant. "Quand on prépare le vol, ce n’est pas du tout anormal. Ce n’est pas un endroit qui est spécialement critique", explique Philippe Evain, commandant de bord sur A320 chez Air France. "Dans 99% des cas, pour le décollage, on range tout sinon les objets tombent avec la vitesse et l’inclinaison. Et même si les appareils avaient été là et que la tablette ou le téléphone s’étaient mis à fumer, le premier réflexe du copilote aurait été de les retirer de cet endroit là pour le jeter derrière. Je ne vois pas comment une surchauffe de la batterie aurait pu provoquer cela", conclut-il.