L'Airbus A320 Egyptair qui s'est crashé en mai 2016 était-il en état d'assurer des liaisons aériennes ? Le doute plane après les déclarations, vendredi, d'un avocat de parties civiles. Selon lui en effet, l'appareil avait émis 17 messages d'anomalies électriques au cours de ses rotations précédentes, ce qui pose des questions sur un défaut de maintenance.
Deux expertises toujours en cours. Pour la première fois depuis le début de leur enquête, les juges d'instruction du pôle des accidents collectifs de Paris ont reçu vendredi matin les proches des victimes et leurs avocats au tribunal de grande instance, afin de faire le point sur leurs investigations. Les juges leur ont indiqué que deux expertises ordonnées par les magistrats pour faire la lumière sur les circonstances du crash du vol MS804 entre Paris et Le Caire le 19 mai 2016 étaient toujours en cours. Les 66 personnes à bord, dont 40 Égyptiens et 15 Français, avaient été tuées.
Trois causes possibles. La première de ces expertises se penche sur la maintenance de l'appareil, a précisé Me Bertrand Courtois, avocat de l'association des familles de victimes, avec Me Sébastien Busy. La seconde cherche à déterminer si des iPhone et iPad présents dans le cockpit ont pu être l'objet d'un emballement thermique à l'origine d'un départ de feu dans la cabine de pilotage de l'appareil. Aucun calendrier n'a été communiqué pour la fin de ces expertises.
"Les enquêteurs estiment qu'il y a trois causes possibles : un acte de malveillance mais ils considèrent qu'il n'y a pas grand-chose pour l'accréditer, une cause exogène à l'appareil donc possiblement les iPhone et iPad ou un problème de maintenance", a détaillé Me Courtois, à l'issue de la réunion.
L'enquête patine. Les enquêteurs de la gendarmerie des transports aériens (GTA) "attendent deux choses importantes: les données brutes des CVR et FDR (les boîtes noires qui enregistrent les sons dans la cabine de pilotage et les paramètres de vol, ndlr) et l'accès aux débris de l'avion, mais ils n'ont pas encore reçu l'autorisation de se rendre en Egypte", a déploré Me Courtois. Au Caire, l'enquête est désormais terminée et un rapport a été transmis au procureur général en Egypte, mais il n'a pas été pour l'heure rendu public. "Côté français, l'enquête avance mais, si les enquêteurs avaient accès à ces éléments, cela irait plus vite", a ajouté l'avocat, soulignant au passage leur "empathie" et leur "clarté" vis-à-vis des proches des victimes vendredi matin.
Pour débloquer la situation, les parties civiles comptent sur la venue en France, pour une visite officielle, du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, du 23 au 25 octobre. "Nos clients attendent beaucoup du président Emmanuel Macron à l'occasion de cette visite", a souligné Me Bertrand Courtois.