Probable, ne veut pas dire certain. Jeudi, le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a estimé qu’il y avait une "probabilité importante" que l'Etat islamique soit responsable de la catastrophe aérienne qui a fait 224 morts samedi dans le Sinaï. Mais que signifie précisément la formule ?
Pas de preuves matérielles. Tout d’abord, il est important de souligner que ni les Américains, ni les Britanniques n’affirment détenir une preuve matérielle qui leur permettrait de conclure définitivement à un attentat.
Le principe de précaution. En revanche, en utilisant l’expression "hautement probable", les autorités indiquent qu’elles ont tout de même des éléments - a priori tangibles - qui les obligent à agir, à prendre des mesures de protection au nom du principe de précaution.
Au-delà des spéculations. Les faisceaux d’indices sur lesquels les Britanniques s’appuient vont donc bien au-delà de la simple spéculation que dénoncent les Russes et les Egyptiens.
Un flash de chaleur. Le premier indice est ce "flash de chaleur" enregistré par un satellite d’observation américain au moment de l’incident et qui indique clairement une explosion à bord dans la cabine. Si cette image ne révèle pas la cause de l’explosion, il devient légitime, néanmoins, d’envisager l’hypothèse d’une bombe.
Le taux de communication. Le second indice - qui provient lui aussi du renseignement - est un volume de communication assez conséquent sur les téléphones et les radios, au moment du crash, juste avant et juste après, entre les divers djihadistes qui sévissent dans la région. Là encore, il va falloir analyser ces données précisément.
La double revendication. Troisième élément : l’Etat islamique dans le Sinaï a déjà revendiqué par deux fois la destruction de l’appareil. Là encore, il est impossible de ne pas prendre la chose au sérieux car, on sait que même si ce groupe ne l’a jamais fait, il rêve de pouvoir réaliser un attentat de cette nature. Et par ailleurs, l'Etat islamique n'a jamais revendiqué un attentat dont il n'était pas l'auteur.
En attendant, donc, l’analyse technique des débris du crash - qui révéleront immanquablement des résidus chimiques spécifiques si oui ou non il y avait bien eu une bombe à bord - les Occidentaux ont décidé de ne prendre aucun risque et de mettre leurs ressortissants à l’abri de ce possible danger.