Le Syrien soupçonné de crimes contre l'humanité entre 2011 et 2013 dans son pays et interpellé mardi en France a été déféré au parquet de Paris afin d'être présenté vendredi à un juge d'instruction en vue d'une mise en examen, a-t-on appris auprès du parquet.
Deux autres Syriens arrêtés en Allemagne. Une information judiciaire a été ouverte pour "actes de torture", "crimes contre l'humanité" et "complicité de ces crimes", selon cette source. Cet homme d'une trentaine d'années avait été arrêté en région parisienne et placé en garde à vue mardi. Le même jour, deux autres Syriens avaient aussi été interpellés à Berlin et Zweibrücken, en Rhénanie-Palatinat, dans l'ouest de l'Allemagne, dans le cadre d'une opération menée par une équipe commune d'enquête entre les deux pays.
Un ancien des services de renseignement de Damas. Selon une source proche du dossier, le Syrien arrêté en France est un ancien des services de renseignement du régime de Bachar al-Assad. Il est soupçonné d'avoir participé aux exactions commises contre les populations civiles par le régime syrien entre 2011 et 2013. Les deux autres suspects arrêtés en Allemagne sont aussi soupçonnés d'être des membres des moukhabarat, les services de renseignement syriens, dans la région de Damas, avait indiqué mercredi le parquet fédéral de Karlsruhe dans un communiqué.
Anwar R., 56 ans, aurait été complice de tortures commises par les services secrets syriens dans une prison. Eyad A., 42 ans, est soupçonné d'avoir participé au meurtre de deux personnes et aux tortures infligées à au moins 2.000 personnes entre juillet 2011 et janvier 2012. Les enquêteurs s'appuient notamment sur des témoignages de victimes de ces tortures. Les deux Syriens ont, selon le parquet allemand, quitté leur pays dès 2012, avant de gagner l'Allemagne et d'y demander l'asile.
Tortures, viols et exécutions sommaires. Depuis le début en 2011 du conflit en Syrie, le régime de Bachar al-Assad a été accusé d'atteintes aux droits de l'Homme et mis en cause pour de multiples cas de tortures, viols et exécutions sommaires. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime et un demi-million de personnes sont passées dans ces geôles depuis 2011.
La Commission d'enquête de l'ONU a accusé maintes fois les différentes parties en conflit en Syrie de commettre des crimes de guerre, et dans certains cas, des crimes contre l'humanité. En 2014, un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de "César", a révélé des photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. Il s'est enfui de Syrie en 2013, en emportant 55.000 photographies effroyables.