Le Venezuela a changé de fuseau horaire dimanche pour économiser l'électricité, une mesure ordonnée par le président socialiste Nicolas Maduro, qui a voulu calmer le mécontentement populaire dû à la crise en augmentant le salaire minimum.
"Une demi-heure de plus d'avenir". Excédés par les rayons vides des supermarchés et les coupures de courant intempestives, les habitants du pays sud-américain ont en outre perdu, dans la nuit de samedi à dimanche, une demi-heure de sommeil : à 2h30 locales, le Venezuela a avancé ses aiguilles de 30 minutes pour adopter le fuseau horaire de -4h GMT. "Le Venezuela a une demi-heure de plus d'avenir, un nouveau fuseau horaire, c'est une mesure pour sauver Guri", la principale centrale hydroélectrique du pays, a clamé le président Maduro.
Pénurie d'électricité. Le réservoir de la centrale, comme les autres du pays, est à un niveau anormalement bas, souffrant de la pire sécheresse en 40 ans selon le gouvernement, en raison du phénomène météorologique El Niño. Dans ce pays pétrolier à l'économie dévastée par la chute des cours du brut, le gouvernement a annoncé des mesures tous azimuts ces dernières semaines pour contrer la pénurie d'électricité, n'étant plus en mesure d'importer comme avant de l'énergie pour pallier la crise.
Hausse du salaire minimum. Certaines de ces mesures sont spectaculaires : les fonctionnaires ne travaillent désormais plus que les lundis et mardis. Dans presque tout le pays (sauf Caracas), l'électricité est coupée au moins quatre heures par jour. Une situation qui a provoqué cette semaine des émeutes et pillages à Maracaibo. L'exaspération sociale pourrait mener à l'organisation, dans les prochains mois, d'un référendum révocatoire contre Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013.
Dans cette atmosphère tendue, le président a cherché à apaiser les esprits en annonçant une hausse de 30% du salaire minimum. Depuis le début de l'année, le salaire minimum a déjà été augmenté de 56%, après l'avoir été de 98% en 2015. Cela reste bien insuffisant alors que le pays souffre de la pire inflation au monde, 180,9% en 2015, un chiffre qui explosera à 700% cette année selon le Fonds monétaire international (FMI).