Dans un récit inédit "Au cœur de l'histoire", Fabrice d’Almeida revient sur cette longue crise qui a marqué les relations entre Iran et États-Unis. En avril 1980, les Américains avaient pourtant tenté une opération militaire pour libérer leurs 52 compatriotes retenus. Sans succès.
AU COEUR DE L’HISTOIRE. "Eagle Claw" : derrière ce nom de code, un douloureux souvenir pour les États-Unis. Au printemps 1980, alors que 52 otages américains sont toujours détenus depuis des mois dans leur ambassade à Téhéran, l’Amérique de Jimmy Carter tente le tout pour le tout : une opération de sauvetage baptisée "Eagle Claw" . Mais c'est un échec, une déroute...
Découvrez le récit inédit "Au cœur de l'histoire" de Fabrice d’Almeida consacré à la crise des otages en Iran sur Europe1.fr et toutes vos plateformes habituelles d’écoute. Alors que les relations entre États-Unis de Donald Trump et Iran se tendent de nouveau, ces événements contemporains nous renvoient à ces 444 jours qui ont changé les relations entre les deux pays.
Six hélicoptères sinon rien. L’opération doit se dérouler sur deux nuits, à partir du 24 avril 1980. Et elle nécessite une coordination très importante. La première nuit, six avions de transport avec à bord une centaine d’hommes de la force spéciale Delta, partent d’une île, située près d’Oman, pour se poser en plein désert, à 300 kilomètres de Téhéran. Dans le même temps, huit hélicoptères décollent d’un porte-avion américain, doivent les rejoindre et se ravitailler dans le désert. Ces mêmes hélicoptères devront rapprocher les soldats à 80 kilomètres de la capitale iranienne. Attention, six de ces engins, au minimum, doivent être opérationnels pour que tout se déroule sans accroc.
La suite de l’opération doit avoir lieu lors d’une seconde nuit, où les soldats américains entreront dans la capitale, feront exploser un mur d’enceinte pour libérer les otages afin de les amener vers un terrain de football où les attendront les hélicoptères pour les évacuer. Si tout se déroule comme prévu.
L’échec... Le 24 avril 1980, six avions décollent donc de l’île de Massira, près d’Oman, avec une centaine de soldats américains à leur bord. Ils se posent au lieu prévu : Desert One. Dans le même temps, les huit hélicoptères décollent, direction le point de rendez-vous. Mais des ennuis mécaniques obligent un appareil à faire demi-tour, et un second à se poser dans le désert. L’équipage l'abandonne et est récupéré par un des hélicoptères restant. "Eagle Claw" vient seulement de commencer et déjà, le nombre minimum d’engins pour la réussite de l’opération est atteint.
Et ce n’est que le début. Des tempêtes de sable ralentissent considérablement l’avancée des hélicoptères vers Desert One. Avec 90 minutes de retard, les six engins arrivent, sauf que l’un d’eux est désormais inutilisable. Il ne reste que cinq hélicoptères, l’opération devrait être annulée... Mais la hiérarchie militaire refuse et s’entête !
C’est finalement un drame humain qui va définitivement condamner "Eagle Claw". En effet, lors d’une manœuvre de ravitaillement, un hélicoptère percute un des avions. Un crash qui coûte la vie à huit soldats, tandis que quatre autres sont grièvement brûlés. Face à cette situation désastreuse, l’opération est finalement annulée. Ordre est donné de laisser les appareils détruits et les dépouilles des soldats sur place. Pour couronner le tout, les militaires oublient d’emporter avec eux des documents compromettants. La Bérézina est totale.
… et la honte. Les médias du monde entier ne manquent pas de relater cette mission de sauvetage catastrophique. L’Iran, bien sûr, se frotte les mains et l’espoir de libération des otages américains s’éloigne encore davantage.
Sur le plan militaire, l’échec d’"Eagle Claw" donne lieu à diverses réorganisations internes. Sur le plan politique, les conséquences sont plus importantes pour Jimmy Carter. La crise des otages est au centre de l’élection américaine. Incapable de trouver une issue, il n’est pas réélu. Le 4 novembre, Ronald Reagan, son adversaire, remporte les élections américaines. Les otages, eux seront libérés quelques mois plus tard, le 20 janvier 1981, jour de l’investiture du nouveau président américain.
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