Ils arrivent en longue file au petit matin, exténués, déshydratés, choqués. Près de Cox's Bazar, dans le sud du Bangladesh, les camps de réfugiés rohingyas sont déjà débordés. Alors, ces populations musulmanes, persécutées en Birmanie, s'installent partout où ils le peuvent : au bord des routes, sur les chantiers, dans les écoles. Dans ces camps, la situation humanitaire est catastrophique.
"Les soldats nous ont toutes violées". La plupart d'entre eux ont vu des membres de leur famille assassinés sous leurs yeux. "Quand les soldats sont arrivés, ils ont rassemblé toutes les femmes, les jeunes, les vieilles, ils ont égorgé trois enfants devant nous puis ils nous ont toutes violées", témoigne au micro d'Europe 1 l'une de ces femmes. "Il y avait un groupe de villageois qui voulait traverser la rivière. Les soldats sont arrivés, ils les ont tué au fusil, au couteau, puis ils ont brûlé le cadavre", raconte un autre réfugié.
Des mines posées à la frontière. Depuis le 25 août dernier, des dizaines de villages ont été rayés de la carte. Le gouvernement birman a bouclé la zone. "Ils pensent que la Birmanie est un pays pour les bouddhistes, et qu'il n'y a pas de place pour nous les Rohingyas", explique l'un d'entre eux. Et pour s'assurer que les Rohingyas restent bien au Bangladesh, des mines ont été posées à la frontière. Une dizaine de personnes ont été blessées. L'ONU, qui n'hésite plus depuis quelques jours à parler d'"épuration ethnique", se prépare déjà au "scénario du pire".