Le Qatar, mis au ban pour son soutien présumé au "terrorisme" et son rapprochement avec l'Iran, devait remettre lundi au médiateur koweïtien sa réponse officielle aux demandes de l'Arabie saoudite et de ses alliés, qui ont accepté de prolonger de 48 heures leur ultimatum.
Une lettre de réponse attendue mardi. À l'expiration dimanche à minuit de cet ultimatum de 10 jours, le Qatar a fait savoir qu'il transmettrait dans la matinée à l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, sa réponse officielle à la liste de treize demandes dans "une lettre écrite" de son émir, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. La lettre sera remise par le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.
Koweït a ensuite demandé un délai supplémentaire de deux jours, que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte ont accepté en indiquant dans un communiqué conjoint qu'ils allaient étudier et évaluer la conformité de Doha à leurs demandes avant de remettre leur propre réponse au Koweït.
Des demandes déjà partiellement rejetées. Doha a jusqu'ici rejeté implicitement la liste de ses adversaires - exigeant notamment la fermeture de la télévision Al-Jazeera et d'une base militaire turque ainsi que la réduction des relations avec l'Iran - en la jugeant maximaliste et attentatoire à sa souveraineté. "La liste des demandes est faite pour être rejetée", avait déclaré samedi le chef de la diplomatie qatarie: "l'État du Qatar (...) la rejette par principe", avait-il ajouté, à Rome.
Accusé de soutenir le terrorisme. Ryad et ses alliés ont rompu le 5 juin avec l'émirat gazier l'accusant de soutenir "le terrorisme" et de se rapprocher de l'Iran chiite, rival régional du royaume saoudien, chef de file de l'islam sunnite. Doha a rejeté ces accusations, en refusant de se faire dicter sa politique étrangère. Le petit émirat, riche de ses ressources gazières et aux ambitions sans limites, a toujours fait cavalier seul en politique étrangère, bien qu'appartenant au Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Outre une éventuelle suspension du Qatar au CCG, ses adversaires pourraient demander à leurs partenaires commerciaux de faire un choix : continuer à traiter avec eux ou avec le Qatar, a indiqué l'ambassadeur au quotidien britannique The Guardian.
Une première tentative de mise à l'écart en 2014. Exaspérés par le soutien ouvert du Qatar aux islamistes en général et aux Frères musulmans en particulier et par le ton irrévérencieux d'Al Jazeera, ses voisins du Golfe avaient fait une première tentative il y a trois ans pour le faire rentrer dans le rang. En 2014, le sommet de Ryad avait vu le jeune émir qatari Tamim promettre, entre autres, de renvoyer les figures islamistes accueillies dans son pays et d'atténuer la tonalité jugée agressive par ses voisins d'Al Jazeera. Mais hormis le départ annoncé de quelques figures islamistes, rien n'a changé, affirment les détracteurs de Doha.