Il s’appelle Harry Sarfo, il a 27 ans et il a passé trois mois au sein de l’organisation Etat islamique en Syrie. Ce djihadiste, qui se dit repenti, est revenu en Allemagne et a offert un témoignage précieux, rapporté dans le journal allemand Der Spiegel le 16 décembre, sur le fonctionnement de l’organisation terroriste et sur ses objectifs. Il a été incarcéré et est désormais poursuivi pour avoir appartenu à un groupe terroriste. Son expérience intéresse au plus haut point Berlin. Der Spiegel explique n'avoir pas pu vérifier entièrement son récit, mais assure que beaucoup de ses détails concordent avec des déclarations officielles et les propos d'autres anciens djihadistes.
Frapper partout en même temps. Harry Sarfo expose plusieurs éléments importants. Premièrement, Daech est décidé à commettre un ou des attentats en Allemagne et a tenté à plusieurs reprises de recruter des djihadistes comme lui pour les commettre. Harry Sarfo leur a répondu qu’il n’y était pas assez préparé. Deuxièmement, l’organisation, qui a approché tous les djihadistes européens qui ont croisé sa route, veut frapper plusieurs lieux ou villes en même temps. "Ils veulent que quelque chose se passe partout en même temps", révèle l’ancien membre de Daech.
Radicalisation en prison. Harry Sarfo a grandi dans un quartier de banlieue de Brême, dans le nord de l’Allemagne. Ses parents sont ghanéens et il a grandi dans "des conditions difficiles", selon son dossier. Le jeune homme, diplômé d’un petit lycée, rêvait de devenir ingénieur en construction au Ghana. Son parcours a basculé lorsqu’il a braqué un supermarché avec des amis, en 2010.
Condamné à deux ans de réclusion, il a alors rencontré derrière les barreaux un salafiste considéré comme "dangereux" par les autorités de Brême. Il s’est converti à l’Islam. Après être sorti de prison, il a tenté une première fois de se rendre en Syrie et a été arrêté par les autorités turques. La deuxième fois a été la bonne : il a réussi à rejoindre Daech et a été enrôlé dans un camp d’entraînement. Il raconte s'être décidé à quitter l'organisation après les exécutions de masse commises à Palmyre, dans le centre de la Syrie. Selon son avocat, il veut désormais "devenir propre".