A 18 ans, Yusra Mardini, a déjà vu son destin emprunter un chemin hors du commun. Cette Syrienne aux grands yeux noirs, passionnée de natation, passait plusieurs heures par jour à s’entraîner dans les bassins de Damas quand la guerre a éclaté. Très vite, il est devenu impossible pour elle de s’entraîner, éloignant son rêve de décrocher, un jour, une médaille d’or sous les couleurs du drapeau syrien.
Une traversée de la Méditerranée. Au lieu de vivre son son rêve en devenant une athlète de haut niveau, Yusra Mardini n'a eu d'autres choix que d'aller grossir les rangs des centaines de milliers de réfugiés qui ont rejoint l’Europe. Avec sa soeur, elle a traversé la Méditerranée sur une embarcation surchargée, pour atterrir en Allemagne. Leurs parents et leur petite sœur, eux, ont dû rester à Damas.
La vie de Yusra Mardini aurait pu s'installer dans une nouvelle routine - loin des bassins - Outre-Rhin, où elle a demandé l’asile. Mais le Comité international olympique (CIO) en a décidé autrement. La jeune sportive de 18 ans, a été présélectionnée, avec 42 autres athlètes par le CIO pour constituer une équipe de réfugiés qui défilera derrière le drapeau à cinq anneaux à Rio.
Encore 7 secondes à gagner. Au final, ils ne seront qu'entre 5 et 10 à s'envoler pour le Brésil. Alors, dans un agenda cadenassé par l'école et les entraînements, Yusra rêve de se qualifier pour la compétition. "C'est au 200 mètres nage libre que j'ai le plus de chances", explique la jeune Syrienne, en jean slim et baskets griffées, lors d'une rencontre avec une centaine de journalistes du monde entier.
Pour cela Yusra a encore beaucoup de travail à fournir. "Pour se qualifier pour les JO, elle doit faire un temps de 2 min 03 sec, son meilleur temps est de 2 min 11 sec", explique son entraîneur, Sven Spannekrebs. Ses chances pour Rio sont donc minces, mais le père de Yusra, lui, voit plus loin plus loin : Tokyo en 2020, où la jeune fille pourrait décrocher une médaille selon lui.
Rendre leur fierté aux réfugiés. Le regard de Yusra s'illumine quand elle songe aux Jeux, même si elle ne défile pas avec la délégation syrienne. "Peu importe le drapeau, les émotions sont les mêmes. Si j'entre dans le stade, je crois que je ne penserai qu'à une seule chose, l'eau". La jeune fille, entrée dans l'adolescence quand le régime de Bachar al-Assad entrait en guerre, veut rendre leur fierté aux réfugiés: "Je veux les inciter à vivre leur rêve".