Sa victoire étriquée dimanche n'incite pas Recep Tayyip Erdogan à freiner ses ambitions autoritaires, bien au contraire. Après un référendum sur l'élargissement de ses pouvoirs remportés avec 51,4% des suffrages exprimés, le président turc a annoncé vouloir en organiser un autre, cette fois pour rétablir la peine de mort. Cette proposition polarise un peu plus une société civile turque déjà crispée…
"Dans tous les pays, les traîtres doivent être jugés. Si leur condamnation est la peine de mort, il faut l'appliquer, comme ce que font les États-Unis", approuve Mahmoud, soutien affiché de Recep Tayyip Erdogan. Et tant pis si un rétablissement de la peine de mort venait à porter un coup fatal au processus d'intégration de la Turquie à l'Union européenne, processus déjà largement en péril. "Notre peuple non plus ne veut pas de cette Union européenne", lâche Mahmoud, après des mois de tensions entre Ankara et différents membres ou représentants de l'UE.
"Affreux". Avec cette nouvelle décision et les purges des derniers mois, Belin voit mal comment la Turquie peut redorer son image sur la scène internationale. "C'est quelque chose d'affreux", regrette-t-elle. "Depuis longtemps, je pense qu'il n'y a plus de rêve européen. Le résultat d'un autre référendum sur la peine de mort ne va pas améliorer les choses, avec les voisins ou les autres pays." Dans un pays déjà très divisé, il y a fort à parier que la polarisation des deux camps s'accentuera encore autour de ce débat et ce, alors que l'opposition conteste déjà vigoureusement les résultats du référendum de dimanche.