Le rapporteur de l'ONU sur la Corée du Nord a jugé mardi que 12 serveuses nord-coréenne impliquées dans une affaire de défection au Sud deux ans plus tôt ne savaient pas en réalité où elles allaient, demandant une enquête à Séoul.
Défection ou enlèvement ? Cette affaire qui avait fait grand bruit suscite depuis longtemps la polémique. Pyongyang affirme qu'elles ont été enlevées et Séoul martèle qu'elles ont fait défection de leur plein gré. Dans des révélations explosives en mai, le gérant du restaurant nord-coréen de la localité chinoise de Ningbo où travaillaient les serveuses a raconté qu'il leur avait menti sur leur destination finale et leur avoir fait du chantage pour qu'elles le suivent au Sud.
Tomas Ojea Quintana, rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'Homme au Nord, a déclaré à la presse avoir "interviewé" certaines des 12 serveuses depuis son arrivée à Séoul la semaine dernière. Elles ont expliqué "avoir été conduites au Sud sans savoir qu'elles venaient ici", a-t-il dit. Il a appelé le gouvernement sud-coréen à mener "une enquête indépendante et exhaustive" pour faire la lumière sur l'affaire et "demander des comptes aux responsables".
Le gérant les aurait conduites au Sud sans les informer. Le gérant du restaurant, Heo Gang-il, avait expliqué avoir été recruté par le Service national du renseignement sud-coréen (NIS) en 2014 en Chine. Deux ans après, craignant d'être démasqué, il avait demandé à son agent traitant d'organiser sa défection. À la dernière minute, avait-il dit, l'agent lui avait demandé de venir avec ses employées. Les serveuses n'avaient pris conscience de leur destination que lorsqu'elles s'étaient retrouvées devant l'ambassade de Corée du Sud en Malaisie.
Une volonté des victimes à respecter. Le rapporteur de l'ONU n'a pas précisé si les femmes à qui il avait parlé avaient exprimé le désir de rentrer en Corée du Nord, mais il a ajouté que leur volonté devait être respectée. "Ma position en tant que rapporteur des droits de l'Homme est de respecter les décisions des victimes. Quand je dis victimes, je laisse entendre qu'elles ont été soumises à une sorte de tromperie en ce qui concerne leur destination". Le ministère sud-coréen de l'Unification avait fait savoir précédemment qu'il étudiait ces accusations.