La Méditerranée est devenue en deux ans le cimetière de quelque 10.000 migrants. "30% des migrants qui se sont noyés depuis quelques années sur les côtes européennes sont des enfants, et 30 % des demandeurs d’asile sont des enfants, ce qui veut dire que la question des migrants mineures est centrale", relève le Défenseur des Droits Jacques Toubon, invité mardi de la Matinale d'Europe 1.
Traite humaine. L'ancien garde des Sceaux de Jacques Chirac se rendra jeudi à Calais, où il doit notamment dresser un état des lieux de la situation des migrants, la sous-préfecture du Pas-de-Calais étant devenue l'épicentre, en France, de la crise migratoire. "Aujourd’hui, lorsque l’on parle de mineurs isolés qui sont dans le Nord-Pas de Calais, on a l’impression d‘être à la fin de la guerre, dans ce film célèbre, Chiens perdus sans colliers", explique l'ancien ministre. "Ceux qui n’ont pas été noyés, qui ne sont pas morts, sont pour beaucoup d’entre eux soumis à des violences, à des exactions", détaille-t-il, évoquant une véritable "traite des humains", même en France.
Ouvrir les voies migratoires. "Je pense qu’il va y avoir un jour où, pas seulement pour des raisons humanitaires, mais pour des raisons politiques, il va y avoir un renversement : on va se rendre compte que les politiques de contrôle des flux migratoires sont le problème […]. L’ouverture des voies légales de l’immigration c’est la solution", affirme celui qui fut eurodéputé jusqu'en 2009. Le blocage des frontières créant, selon lui, des situations juridiques et humanitaires insupportables. "L’intérêt et le destin de l’Europe c’est de faire une grande politique de l’accueil des migrants, et des enfants. Elle sera plus conforme à la dignité humaine."
Protection des mineurs. En attendant un changement d'orientation, Jacques Toubon tient à évoquer l'article 8 du Règlement de Dublin III, consacré au droit d'asile dans l'UE, et qui oblige les Etats européens à réunir mineurs et parents où du moins, si le mineur n'a pas de responsable légal connu, oblige l'Etat où il est arrivé à assurer sa protection. "Il y a une obligation légale internationale des Etats de prendre en charge les enfants qui arrivent sur le territoire européen. Cette prise en charge doit être faite par l’aide sociale à l’enfance. C’est une obligation de l’Etat français qui est mise en œuvre par les collectivités territoriales au niveau du département", rappelle Jacques Toubon.