Les "Kennedy files" réservent bien des surprises. Les noms de plusieurs personnalités françaises figurent en effet parmi les 3.000 documents, longtemps classés secrets, déclassifiés et mis en ligne la semaine dernière par l’administration américaine au sujet de l’assassinat de John F. Kennedy. Catherine Deneuve, ainsi que Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir sont cités dans un rapport de la CIA, sans rapport direct avec la mort du président américain, selon Le Parisien, qui a consulté ces fichiers.
Des dons pour aider des déserteurs ? Les noms de l’actrice et du couple d’intellectuels apparaissent dans un rapport rédigé par Paul K. Chalemsky, le "chef de station" de l’agence de renseignement à Paris, le 11 juillet 1969. Le responsable décrit sa rencontre trois jours plus tôt avec l’un de ses informateurs, baptisé "Petunia", qui a infiltré le milieu des déserteurs américains réfugiés en France. Un sujet hautement sensible à l’époque, en pleine guerre du Vietnam, et qui n’a a priori rien à voir avec ces trois personnalités françaises.
L’un des déserteurs, Larry Cox, aurait pourtant directement eu un lien avec Deneuve et le couple d’intellectuels. Cet homme a géré une "planque" à Pantin pour des déserteurs et des activistes de la SDS (Students for a Democratic society), une organisation étudiante contestataire dissoute en juin 1969. Larry Cox devait se charger de récolter des fonds pour payer le loyer, fixé à 1.200 francs par mois (240 dollars), selon ce rapport. D’après Petunia, il aurait reçu à cet effet 100 dollars de Sartre, de l’argent de Simone de Beauvoir (montant non connu) et 1.500 francs de Catherine Deneuve.
Un autre témoignage sujet à caution. L’informateur de la CIA dit également avoir rencontré un autre déserteur au Luxembourg. Ce dernier lui a assuré avoir résidé dans la maison des activistes à Pantin, mais en a été expulsé à cause de son addiction aux acides. Il aurait, selon ses dires, vu "une actrice française" donner de l’argent pour la planque. Ce témoignage apparaît cependant peu crédible aux yeux de l’informateur, qui décrit ce déserteur comme "cinglé" et "potentiellement dangereux".
Larry Cox ne confirme pas. Larry Cox, qui par la suite a longtemps été directeur de l’organisation Amnesty International aux États-Unis, n’a pas confirmé les informations contenues dans ce rapport. "Beaucoup de faits cités dans le rapport sont faux et je suis sûr que ce n’était pas inhabituel", assure le défenseur des droits de l’Homme, interrogé par Le Parisien.
"J’ai rencontré Catherine Deneuve quelques minutes et j’étais sur scène avec Sartre lors d’un ralliement anti-guerre, où il a parlé et m’a pris dans ses bras quand j’ai détruit ma carte d’incorporation. Je n’ai fréquenté ni lui, ni Catherine Deneuve, et n’ai jamais rencontré Simone de Beauvoir", poursuit-il. "Je n’ai aucune trace de l’origine des dons et ne me rappelle pas si l’une des personnes mentionnées dans ce rapport a participé. C’était il y a très longtemps."