La demande mondiale pour les denrées agricoles et alimentaires de base devrait ralentir sa croissance au cours des dix ans à venir, selon les perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO publiées lundi.
Moins de demande mondiale. Sur la période de dix ans couverte par le rapport, "la croissance de la demande" en produits alimentaires de base "devrait peu à peu décélérer". Les deux raisons principales de ce retournement de tendance sont le ralentissement de la croissance en Chine, qui génère une baisse de la consommation, ainsi que le moindre soutien public dont bénéficient les biocarburants aux États-Unis et en Europe, a souligné Jonathan Brooks, chef de la division des échanges et marchés agroalimentaires à l'OCDE.
Une réorientation vers l'alimentation. "D'après les projections, la demande de produits agricoles destinés à la production de biocarburants est appelée à stagner compte tenu de la baisse des prix de l'énergie et de l'adoption d'une politique plus modérée concernant les biocarburants dans plusieurs pays", précise le rapport. Cette correction permettra de réorienter les denrées de base vers leur destination normale : l'alimentation, et non plus l'énergie.
L'OCDE et la FAO prévoient aussi une hausse de la demande en sucre et en huile végétale un peu partout dans le monde. "La tendance à consommer de plus en plus de produits transformés s'affirme, et ce sont des produits composés de beaucoup de sucre et d'huiles végétales" a indiqué M. Brooks.
Moins de personnes sous-alimentées dans le monde. Du coup, le rapport s'attend à ce que la hausse de la consommation dans les pays en voie de développement fasse tomber la proportion de la population mondiale souffrant de sous-alimentation de 11 à 8% au cours des dix années à venir, le nombre total de personnes concernées étant ramené à moins de 650 millions contre 788 millions. L'OCDE et la FAO prévoient aussi des progrès dans la sous-alimentation en Asie du sud-est, mais une difficulté à "assurer la durabilité du développement du secteur agricole" dans cette zone du monde.
Une maigre augmentation de la demande en viande. Selon Jonathan Brooks, le ralentissement de la consommation en Chine ne sera pas compensé par l'augmentation d'autres pays en voie de développement, notamment en raison des différences de régime alimentaires selon les pays. "Il y aura une nette hausse de la demande en produits alimentaires en Inde, mais le pays est essentiellement végétarien et cela ne compensera pas le ralentissement de la viande en Chine", a prédit Jonathan Brooks. Ainsi la consommation de porc, qui a augmenté de 10 millions de tonnes entre 2006 et 2017 en Chine, devrait augmenter de seulement 5% entre 2017 et 2026, selon le rapport.