Depuis le début de l'invasion russe il y a quatre jours, près de 370.000 personnes ont déjà quitté l'Ukraine selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Alors que des milliers de leurs compatriotes fuient le pays, eux font le chemin inverse. Ils ont décidé de rentrer à Kiev, Lviv ou Vinnytsia depuis Paris où ils vivaient ou étaient de passage. Tous partent pour défendre leur pays, aider les soldats, voire prendre les armes. Les départs se multiplient, en voiture ou en minibus. Dimanche au petit matin, deux grands cars sont partis du 13e arrondissement de Paris, direction l’Ukraine.
Se sentir utile
"Si ce n'est pas nous qui partons, qui d’autre ?", s'interroge Vladislav. Il a quitté son appartement parisien et son travail dans une entreprise du bâtiment. À ses pieds, un sac plastique avec quelques vêtements et des conserves. Les armes, il prévoit de les trouver en Ukraine. "Chacun fait ce qu’il peut pour aider… Je dois protéger mon pays et ma famille", lance-t-il au micro d'Europe 1. Il lève les yeux vers le car, l’air presque soulagé. Une vingtaine d’heures le séparent désormais de la frontière ukrainienne.
Louba est une des premières, parmi la soixantaine de passagers, à embarquer. "Je ne sais pas encore comment, mais je sais que je peux être utile, au moins en préparant à manger aux soldats", estime-t-elle, l'air fier. "Je n’ai jamais appris à faire la guerre. Mais s’il faut, je prendrai les armes. Bien sûr que j’ai peur, mais il ne faut pas que je le montre."
"J'ai essayé de la retenir"
L’inquiétude se lit davantage sur le visage de ceux qui restent. Nadia prend en photo sa mère, qui part seule soutenir son mari à Lviv, dans l’ouest du pays. "J’ai essayé de la retenir", raconte Nadia, "mais malheureusement, elle a pris la décision de partir. Je ne veux pas la perdre, mais je la comprends. Elle ne peut pas rester ici les bras croisés, si quelque chose arrive, elle s’en voudra toute sa vie", assure-t-elle.
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Le car s’éloigne, et ceux restés sur le trottoir le suivent du regard. Pour se rendre utiles, eux font le choix d’envoyer de l’argent et du matériel. Mais certains n'excluent pas, si la guerre dure, d’embarquer à leur tour à bord d’un bus.