A Londres, la longue file d'attente pour se recueillir devant le cercueil de la reine Elizabeth se termine dans quelques heures. Le public a encore jusqu'à 6h30, heure britannique, pour se recueillir à Westminster Hall, avant le début des funérailles de la reine ce lundi. Face à l'affluence, la queue devrait être rapidement fermée.
La monumentale file d'attente pour se recueillir devant le cercueil de la reine Elizabeth vit ses dernières heures dimanche, à la veille des funérailles d'État grandioses en présence d'une foule de chefs d'État et de gouvernements étrangers. Le public a encore jusqu'à 06H30 (05H30 GMT) lundi pour se recueillir à Westminster Hall, la plus ancienne salle du Parlement britannique, devant le cercueil de la reine, qui s'est éteinte le 8 septembre à l'âge de 96 ans.
Mais compte tenu du temps d'attente considérable pour défiler devant le cercueil - au moins 11 heures et demie annoncées dimanche en début d'après-midi - le gouvernement a averti que la décision de fermer aux nouveaux arrivant la queue, devenue un phénomène en soi, serait prise dans la journée. Il est déjà conseillé de ne pas se mettre en route pour la rejoindre, afin d'éviter toute "déception", selon le gouvernement. Dans ce défilé continu qui a vu passer des dizaines - voire centaines - de milliers de personnes, un seul incident a été relevé : un homme a été inculpé pour trouble à l'ordre public après avoir quitté la queue et s'être approché du cercueil vendredi.
Premières loges
A 20H00 locales (19H00 GMT) dimanche, le Royaume-Uni se figera dans une minute de silence pour un "moment de réflexion" en mémoire de sa monarque qui a régné 70 ans, une longévité sans précédent dans l'Histoire britannique, jusqu'à son décès dans sa résidence écossaise de Balmoral. L'organisation de ses funérailles d'Etat, les premières depuis celles de Winston Churchill en 1965, représente pour la police de Londres un défi sans précédent, et mobilise des milliers de policiers et militaires.
En coulisses, les répétitions battent leur plein, et aux abords de Westminster Hall, les plus ardents campent déjà pour s'assurer une place de choix. A sa grande surprise, Shaleen MacLeod, venue de Glasgow, a réussi à s'assurer une place en première ligne dimanche matin pour voir passer la procession lundi. "Je m'attendais à être derrière", a expliqué à l'AFP cette fervente admiratrice de la reine.
E.J. Kelly, institutrice nord-irlandaise de 46 ans, est quant à elle arrivée avec des amis samedi matin. Faute de tente, les nuits se passent emmitouflés sur des chaises de camping. Regarder les obsèques à la télévision est "magnifique, mais être ici, c'est quelque chose d'autre", explique-t-elle, déterminée à rendre hommage en personne à la reine. Arrivé samedi soir à Londres, le président américain Joe Biden se joindra aux chefs d'Etat étrangers, dont le Français Emmanuel Macron, réunis par Charles III dimanche en fin de journée, premier grand rendez-vous diplomatique du nouveau souverain de 73 ans.
Ils se retrouveront lundi matin parmi les 2.000 invités de l'abbaye de Westminster, où Elizabeth II a été couronnée en 1953, pour le point d'orgue des hommages rendus dans une immense émotion depuis la mort le 8 septembre de la monarque à la popularité planétaire. Ce sera "la meilleure des cérémonies funéraires", a prévenu sur la BBC l'ancien archevêque d'York John Sentamu. La reine ne voulait pas un service "ennuyeux", a-t-il ajouté, annonçant une cérémonie qui "élève" et "réchauffe" les coeurs.
"Femme solitaire"
Dernier des enfants de la reine à lui rendre hommage, le prince Andrew, réputé fils préféré d'Elizabeth II et tombé en disgrâce après des accusations d'abus sexuel soldées par un accord financier, a salué sa "compassion", sa "confiance", ses "conseils" et son "humour". Dans un message vidéo enregistré qui sera diffusé dimanche sur la BBC, la reine consort Camilla insiste sur les difficultés qu'Elizabeth II, "femme solitaire", a rencontrées dans un monde de chefs d'Etat et de gouvernement essentiellement masculin.
Comme pour à la fois jauger et entretenir le lien entre les Britanniques et la famille royale, enfants et petits-enfants de la reine ont multiplié les rencontres avec le public ces derniers jours, alors que la période de deuil écrase toute autre actualité au Royaume-Uni. Depuis les célébrations des 70 ans du règne d'Elizabeth II en juin, la proportion des Britanniques désireux de conserver la monarchie a augmenté de cinq points, pour atteindre 67%, selon un sondage YouGov publié dimanche. Charles enregistre un bond de popularité (70% d'opinions favorables) mais reste derrière son fils William (84%) et l'épouse de ce dernier, Kate (80%).
Sans trahir le contenu de son entrevue avec le roi Charles, le Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a confié son impression que le sentiment qui domine chez le nouveau monarque est la "gratitude" face au déferlement de témoignages de respect et d'affection envers la reine. Après une dernière procession, Elizabeth II sera inhumée dans l'intimité lundi dans la chapelle Saint-Georges au château de Windsor, à l'ouest de Londres, auprès de son père le roi George VI et de son époux le prince Philip.