Des dizaines de dirigeants du monde entier se sont réunis vendredi à Jérusalem en Israël sous protection policière maximale pour les obsèques du prix Nobel de la paix Shimon Peres. Son cercueil a été mis en terre peu avant 11h, heure française.
Les trois informations à retenir :
- La cérémonie a eu lieu vendredi matin au cimetière du mont Herzl à Jérusalem.
- 90 délégations étaient présentes dont celles des présidents Obama et Hollande ainsi que celle du président palestinien Mahmoud Abbas.
- Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué en Shimon Peres "un 'grand homme' pour Israël et le monde".
"Un grand homme" pour Netanyahu. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué en Shimon Peres "un 'grand homme' pour Israël et le monde". "Il était un grand homme pour Israël, il était un grand homme pour le monde. Israël est en deuil, le monde est en deuil. Mais nous, et le monde, voulons trouver dans sa postérité les raisons d'espérer", a dit Benjamin Netanyahu.
La poignée de main entre Netanyahu et Abbas. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas se sont longuement serrés la main. "Je suis ravi de vous voir, cela faisait longtemps", a assuré Mahmoud Abbas en anglais au chef de gouvernement israélien, avant de saluer son épouse Sara Netanyahu, selon une vidéo diffusée par le porte-parole du Premier ministre.
Prières, chanson et discours. Entre 9h30 (8h30 en France) et 12h30 (11h30), entre les prières, les rites funéraires juifs et une chanson interprétée par le contre-ténor David D'Or, que Shimon Peres avait réclamé dans ses dernières volontés, les trois enfants du défunt, l'écrivain Amos Oz, les plus hauts dirigeants israéliens et des dirigeants du reste du monde s'apprêtent à dire leur affection et leur admiration.
90 délégations. Barack Obama est arrivé vendredi matin à Tel Aviv afin de participer aux obsèques. Le président américain a classé le prix Nobel de la paix Shimon Peres parmi "les géants du 20e siècle" comme le leader sud-africain Nelson Mandela. Ses homologues français et allemand, le prince Charles, le roi d'Espagne mais aussi le président palestinien Mahmoud Abbas, rare représentant de haut niveau du monde arabe sont aussi présents à ces obsèques. Les funérailles de celui qui a été amplement salué comme un visionnaire infatigablement dévoué à la paix ressemblent ainsi à une congrégation exceptionnelle de chefs d'État et de gouvernement, de ministres, de diplomates et d'officiels. En tout, 90 délégations de 70 pays étaient attendues. Cette affluence rend compte de l'immense respect que s'était attiré Shimon Peres en 70 ans de carrière à tous les postes (Premier ministre, ministre de la Défense, des Affaires étrangères, président).
Sous haute sécurité. Avec l'acheminement, puis la concentration de ce gratin au cimetière national du mont Herzl, la police israélienne, pourtant rompue aux menaces sécuritaires, est sur les dents. Israël n'a pas connu de tel événement au moins depuis les funérailles en 1995 d'Yitzhak Rabin, qui avait été récompensé en même temps que Shimon Peres et le leader palestinien Yasser Arafat du Nobel de la paix en 1994. La police parle d'une opération sans précédent. Huit mille policiers sont mobilisés. La sécurité intérieure chargée de la protection des personnalités a dit déployer des centaines d'agents.
Les obsèques coïncident avec le début des congés des grandes fêtes juives qui font redouter aux autorités israéliennes un accès de violences palestiniennes. L'axe routier vital entre Jérusalem et Tel Aviv sera fermé sur son tronçon entre la ville sainte et l'aéroport international aux heures d'arrivée des délégations en début de matinée et de leur départ en début d'après-midi.
L'hommage de Bill Clinton. L'ancien président américain Bill Clinton, arrivé jeudi, n'a pas attendu les funérailles pour aller saluer celui qu'il appelait un "ami véritable". Son cercueil ceint du drapeau bleu et blanc frappé de l'étoile de David avait été exposé sur le parvis du Parlement toute la journée pour que les Israéliens fassent leurs adieux à celui que tout le monde ici appelait Shimon et dont l'image était intimement associée à l'ascension d'Israël, de la naissance au statut de puissance régionale. Bill Clinton avait présidé en 1993 à la signature du premier accord d'Oslo et à la fameuse poignée de mains entre les ennemis israéliens et palestinien d'autrefois.
Homme de paix… mais ancien faucon. Shimon Peres, mort mercredi à 93 ans des suites d'un accident vasculaire cérébral, était le dernier survivant des trois récipiendaires du Nobel de la paix 1994 reconnaissant leur implication dans le premier accord d'Oslo. L'accord jetait les bases d'une autonomie palestinienne et offrait un espoir aujourd'hui bien lointain de règlement du conflit israélo-palestinien. Aux yeux des Israéliens, il était aussi le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l'Etat d'Israël. Il était devenu dans son pays une personnalité largement consensuelle, considérée comme un sage de la nation. Malgré Oslo et la conversion à la paix de cet ancien faucon, les Palestiniens ont une image bien plus sombre de lui, en instigateur de la colonisation juive et en homme de guerre et de l'occupation.