Des milliers de personnes, répondant à l'appel d'un mouvement islamophobe, se sont rassemblées lundi soir à Leipzig, en ex-Allemagne de l'est, pour protester contre l'arrivée massive des réfugiés, alors que la population est scandalisée par les violences attribuées à des migrants à Cologne (ouest) au Nouvel An.
"Les réfugiés ne sont pas les bienvenus". Sous une pluie battante, manifestants et contre-manifestants étaient tenus à distance par un important dispositif policier et des canons à eau dans le centre-ville. Sur des pancartes, les opposants à la politique d'ouverture à l'égard des réfugiés menée jusqu'ici par la chancelière Angela Merkel donnaient libre court à leur colère xénophobe : "Islam = terreur", pouvait-on y lire, ou "Les réfugiés ne sont pas les bienvenus" avec, en ombre chinoise, trois hommes armés de couteaux poursuivant une femme. Ils faisaient référence à la vague d'agressions commises à des centaines de kilomètres de là, à Cologne, le soir du 31 décembre, imputées à des migrants, notamment arabes. Ces violences ont touché des femmes, pour beaucoup agressées sexuellement par des jeunes hommes ivres, ce qui a scandalisé l'Allemagne.
"Merkel doit partir". Les manifestants de Leipzig répondaient à l'appel de Legida, déclinaison locale du mouvement islamophobe Pegida qui, depuis plus d'un an, défile tous les lundis soirs à Dresde, à une centaine de kilomètres plus à l'est. "Il n'y a pas d'alternative au départ de Merkel", a lancé Tatjana Festerling, une des leaders de Pegida, avant que la foule entonne longuement "Merkel doit partir ! Merkel doit partir !".
Cologne, argument numéro 1. Évoquant les violences de Cologne, elle les a qualifiées de "djihad du sexe contre les femmes", d'"attentats terroristes contre des femmes allemandes, des femmes blondes et les blanches", attribuant les agressions notamment à des "terroristes arabes du sexe". Dans la foule, Lukas Richter, 44 ans, originaire de Leipzig, a enjoint le gouvernement "à fermer les frontières" et à "renvoyer tous les migrants illégaux". Les événements de Cologne montrent selon lui "la violence des étrangers en Allemagne qui existe depuis des années. Elle a toujours été cachée par les médias avant", a-t-il dit.
Peu de débordements. La manifestation a eu lieu dans le calme mais dans un quartier fief de la mouvance anarchiste et contestataire de gauche, la police a indiqué sur Twitter avoir dispersé environ 250 personnes de la mouvance d'extrême droite. Celles-ci avaient allumé des engins pyrotechniques et lancé des pierres dans des vitrines.