Des milliers de Vénézuéliens résidant dans la zone frontalière avec la Colombie ont franchi dimanche la frontière à pied afin d'acheter à Cúcuta des vivres et des médicaments qui manquent dans leur pays.
Produits alimentaires et d"hygiène. "Nous venons acheter de la nourriture, ce n'est un secret pour personne que nous manquons de produits de base" au Venezuela, a déclaré Claudia Durán, qui a traversé à pied, au milieu d'une marée humaine, les 700 mètres qui séparent le Venezuela du territoire colombien. L'ouverture du passage intervient cinq jours après que quelque 500 Vénézuéliennes ont franchi de force la frontière, faisant céder un cordon militaire, afin d'acheter en Colombie des produits de base comme du riz, du sucre, de la farine, du papier hygiénique ou de l'huile.
Après l'incident, la chef de la diplomatie colombienne, Maria Angela Holguin, avait déclaré mercredi que Bogota était prêt à élargir un corridor humanitaire ouvert depuis septembre pour le Venezuela, afin de limiter l'impact des graves pénuries dans ce pays. La fermeture de la frontière, ordonnée en août 2015 par le président vénézuélien Nicolás Maduro à la suite d'une attaque d'ex-paramilitaires colombiens présumés contre une patrouille de l'armée vénézuélienne, et qui avait fait trois blessés, avait créé des tensions entre les deux pays.
La foule se rue vers les postes de douane. Le chef de l'Etat vénézuélien a autorisé un passage à pied dans la matinée de dimanche entre les ponts internationaux Simón Bolívar au Venezuela et Francisco de Paula Santander en Colombie, les principales voies terrestres qui relient les deux pays. De nombreuses personnes ont dormi dans leur voiture dans les rues adjacentes, en attendant de pouvoir entrer dès l'ouverture à 6h (10h GMT). Vers 7h30 (11h30 GMT), une foule s'est ruée vers les postes de douanes, de peur ne pas pouvoir traverser, rapidement contenue par les forces de l'ordre.
70% de commerces ont fermé. Le Venezuela traverse une grave crise économique depuis la chute des cours du pétrole, dont il tire l'essentiel de ses revenus. Près de 80% des produits de première nécessité sont désormais quasi-introuvables selon des organismes privés, mais la situation est plus grave dans la zone limitrophe à la Colombie à la suite de la fermeture de la frontière. Selon des estimations de Fedecámaras, la principale organisation de syndicats patronaux du Venezuela, près de 70% des commerces côté vénézuélien ont fermé, entraînant la suppression de 15.000 emplois.