En matière d’avortement, la loi chilienne est considérée comme l’une des plus restrictives de la planète. Le Chili est en effet l’un des rares pays au monde à interdire toute forme d’avortement. Seuls les avortements accidentels, c’est-à-dire généralement lié à un accident violent, ne sont pas considérés comme un crime. C’est pour dénoncer cette situation que l'ONG Miles au Chili a lancé une campagne vidéo choc. On y voit des femmes, donner sur un ton pédagogique des conseils pour avorter. A savoir : frôler la mort pour que leur avortement soit considéré comme accidentel.
"Je vais vous expliquer comment on fait". Sur l’une des vidéos, on voit par exemple une femme marcher dans la rue, dire très calmement : "je vais vous expliquer comment on fait". Sous-entendu : comment on fait pour avorter. Et dans ce mode d’emploi pour mettre fin à sa grossesse, le ton calme et pédagogue tranche avec la violence des scènes finales.
Voici l'une des vidéos où une femme conseille de se faire percuter par une voiture :
"Marche une dizaine de minutes, achète quelque chose que tu achèterais normalement, comme du pain ou un journal. Ensuite dirige-toi vers un carrefour très fréquenté. Observe comme les voitures ont tendance à accélérer quand le feu est orange. Attends... Et quand le feu est sur le point de passer au orange une nouvelle fois, choisis la voiture la plus à même d'accélérer. Fais en sorte qu'elle te rentre dedans de face, estomac contre pare-chocs. Et traverse", conseille ainsi une jeune femme dans l’une des vidéos. Sur les images qui suivent on entend un bruit sourd. Un cri. Elle vient de se faire renverser. On oublierait presque qu’il s’agit d’une actrice, tellement la scène est réaliste.
Les autres vidéos reposent sur le même principe : des guides qui proposent de se jeter dans les escaliers ou de casser son talon aiguille pour tomber sur une bouche d'incendie.
Une autre vidéo où une femme conseille de se jeter dans une cage d'escalier :
Bientôt une loi pour assouplir les conditions d’avortement. Alors que la présidente Michelle Bachelet soutient une loi pour assouplir les motifs d’avortement, ces clips, délibérément dérangeants, visent à rallier du soutien pour défendre l’avortement. La proposition de loi légaliserait l'avortement en cas de viol, de risques pour la santé de la mère et si le fœtus a peu de chances de survie.
Jusqu’à 5 ans de prison encourue. A l’heure actuelle une femme risque jusqu’à 5 ans de prison si elle est reconnue coupable d’avortement. Selon les estimations, entre 120.000 et 160.000 femmes, interrompent illégalement leur grossesse chaque année. La plupart des femmes ont recourt au Misoprostol, un médicament de la famille des prostaglandines, qu'elles achètent au marché noir. D’autres avortent clandestinement à l’étranger, notamment en Argentine, où l’avortement est autorisé.