Le gouverneur chrétien de Jakarta, surnommé Ahok, a été condamné mardi à deux ans de prison pour insulte à l'islam, dans un procès perçu comme un test de la tolérance religieuse dans le plus grand pays musulman au monde. "Nous ferons appel", a toutefois répliqué le prévenu.
Une déclaration instrumentalisée. Connu pour son franc-parler, Ahok avait déclaré en septembre que l'interprétation par certains oulémas (théologiens musulmans) d'un verset du Coran, selon lequel un musulman ne doit élire qu'un dirigeant musulman, était erronée, provoquant une vague de contestation dans ce pays d'Asie du Sud-Est où toute référence à l'islam est très sensible. Cette déclaration avait été instrumentalisée par des islamistes partisans d'une ligne dure, des experts dénonçant des motivations politiques. Sous la pression et les appels à l'emprisonner, le gouverneur a été inculpé fin 2016 de blasphème, délit pour lequel il était passible de cinq ans de prison.
Une affaire politique. Cette affaire avait plané sur la campagne électorale et le scrutin pour le renouvellement de son poste de gouverneur. Mi-avril, le gouverneur, qui caracolait naguère en tête des sondages, a finalement été battu par l'ancien ministre de l'Education, le musulman Anies Baswedan. Ahok, premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et premier issu de la minorité chinoise, avait accédé automatiquement à cette fonction en 2014, après l'élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo, dont il était alors l'adjoint.