Un nouveau signe de répression de la communauté gay en Indonésie. Un tribunal islamique a condamné mercredi deux hommes à 85 coups de canne chacun et en public pour avoir eu des relations homosexuelles, transgressant ainsi la stricte loi islamique, en vigueur dans la province d'Aceh, à l'extrême nord de l'île.
Une humiliation publique. Les deux condamnés, âgés de 20 et 23 ans, avaient été surpris au lit au mois de mars par un groupe de justiciers dans la pension où ils résidaient à Banda Aceh, la capitale de cette province conservatrice. Ils avaient ensuite été livrés à la police de la charia. "Il a été prouvé, juridiquement, de manière convaincante, que les deux se sont rendus coupables de relations homosexuelles", a déclaré au tribunal le juge Khairil Jamal. Les coups de canne en rotin ne causent généralement pas de blessures graves. Le châtiment est surtout destiné à l'humiliation publique des condamnés.
Des persécutions de plus en plus fréquentes. Depuis quelque temps, l'hostilité contre la petite communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT) d'Indonésie va croissant, et plusieurs ministres ont tenu publiquement des propos homophobes. En 2016, le ministre de la Défense, Ryamizard Ryacudu, avait déclaré que "l’agenda de la communauté LGBT est plus dangereux qu’une bombe nucléaire", rapporte Amnesty International. En 2016 toujours, un couple d'homosexuels avait été interpellé après des récriminations concernant une photo publiée sur Facebook sur laquelle les deux hommes, torse nu, s'embrassaient.
Une loi extrêmement sévère. Le pays compte 225 millions de musulmans sur 250 millions d'habitants. Aceh est la seule des 33 provinces de ce pays d'Asie du Sud-Est autorisée à appliquer la charia. Au même titre que l'homosexualité, s'adonner au jeu, boire de l'alcool ou commettre l'adultère sont aussi passibles de coups de canne. La province avait commencé à mettre en oeuvre la loi islamique après avoir obtenu un statut d'autonomie en 2001 auprès du gouvernement central de Jakarta, afin de mettre fin à plusieurs décennies de rébellion séparatiste.