Didier Billion : "Même si des pertes sont infligées à Daech, sa capacité à organiser des attentats est avérée"

Des passants déposent des fleurs devant la discothèque qui a été le théâtred'une fusillade dans la nuit du nouvel an, une attaque revendiquée par Daech.
Des passants déposent des fleurs devant la discothèque qui a été le théâtred'une fusillade dans la nuit du nouvel an, une attaque revendiquée par Daech. © YASIN AKGUL / AFP
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A.D , modifié à
Pour le spécialiste des relations internationales, le recul territorial de l'Etat islamique ne veut pas dire qu'il ne pourra pas frapper pendant encore longtemps, et notamment en Europe.
INTERVIEW

L'attaque d'une discothèque d'Istanbul dans la nuit du Nouvel an, qui a fait 39 morts, a été revendiqué lundi par l'Etat islamique. Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), n'en est pas étonné. Il s'est expliqué au micro d'Europe 1.

"Des lieux de décadence occidentale". La revendication lui paraît logique pour deux raisons d'ailleurs "évoquées dans le communiqué" de l'organisation islamiste : Daech a tout d'abord voulu s'en "prendre symboliquement à des lieux jugés comme des lieux de perdition, de décadence occidentale et par ailleurs, et c'est peut-être plus important encore, la Turquie est désormais totalement impliquée dans la lutte anti-Daech depuis au moins deux ans mais tout particulièrement depuis fin août 2016 puisqu'une opération militaire est en cours dans le nord-est de la Syrie et que des affrontements quasi quotidiens ont lieu entre l'armée turque et les milices de Daech."

"Reculs partiels". C'est notamment pour la seconde raison que "Daech a multiplié les attentats en Turquie depuis plusieurs mois", ajoute le spécialiste. Ce dernier attentat démontre que malgré des reculs des positions de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, Daech est toujours une force de frappe. Les reculs sont d'ailleurs "partiels", pour Didier Billion : en Irak, "la prise de la ville de Mossoul est compliquée et prend plus de temps que prévu. En Syrie, Daech tient toujours Raqqa", rappelle le spécialiste qui souligne néanmoins que "dans le nord-est de la Syrie, un certain nombre de hameaux sont repris de façon méthodique par l'armée kurde et des rebelles".

"Connaître un recul sur son territoire n'est pas contradictoire avec la capacité à organiser des attentats. Ce sont deux logiques différentes. Je crains que même si des pertes sont infligées à Daech en Irak et en Syrie, sa capacité à organiser des attentats dans toute la région mais aussi en France, en Angleterre et dans d'autres pays occidentaux, soit toujours avérée pour de nombreux mois."