Des députés qui ont failli en venir aux mains, des huées et des insultes, l'Assemblée Nationale brésilienne a achevé dans la nuit de dimanche à lundi la plus longue session de son histoire après plus de 50 heures de discours dans un climat tendu. A la clé, un vote favorable à la destitution de la présidente du pays, Dilma Rousseff, accusée d'avoir maquillé les comptes publics lors de sa réélection en 2014. Europe 1 a passé la nuit au Brésil avec les militants des deux camps.
"Il fallait mettre Dilma dehors". Près de la plage de Copacabana, les Brésiliens avaient les yeux rivés sur les écrans géants une grande partie de la nuit. Les militants en faveur de la destitution de la présidente, habillés en vert, ont regardé un par un les 513 députés annoncer publiquement leur vote jusqu'à l'annonce de la victoire. Sur les lieux, c'est une véritable explosion de joie. "Il fallait mettre dehors Dilma et le parti des travailleurs. On va enfin pouvoir respirer, on va ouvrir une nouvelle aire d'espoir et en finir avec toute cette corruption", salue Raphael, chauffeur de taxi dans la ville.
Consternation. Dans le camp pro-Dilma Rousseff, les militants, tous vêtus de rouge, sont consternés. Le parlement vient en effet de concrétiser ce qui se rapproche de leur pire cauchemar. "Je suis très triste pour le Brésil, tout cela c'est un accord entre politiciens qui n'ont pas accepté la victoire de Dilma", avance Francisco. "Clairement c'est un coup d'Etat mené par l'opposition qui n'a toujours pas digéré la défaite de 2014", conclut-il. Dans les semaines à venir, la procédure va se poursuivre, et même si rien n'est acté avant le vote du Sénat - qui interviendra au plus tard le 11 mai -, la page Dilma Rousseff est en train de se tourner au Brésil.