Plus que le fond, c'est la forme qui a surpris. Devant le Congrès américain mardi, Donald Trump a prononcé un discours d'une heure au ton nettement plus présidentiel. Bien loin de ce à quoi il avait habitué les Américains.
Une main tendue à l'autre camp. "Donald Trump a enfin mis le costume présidentiel", estime le spécialiste des Etats-Unis Jean-Eric Branaa, mercredi matin. "Il n'a pas eu ses accents de campagne, ce mépris pour l’autre camp. Il a surtout rajouté ce qui manquait dans son discours d’investiture, la main tendue à l’autre camp, pour travailler ensemble à l’avenir des Etats-Unis", précise-t-il. Une main tendue qui n'est pas anodine, selon le maître de conférences à l'Université Paris 2-Assas. "Il a besoin des démocrates au Congrès. Ils sont assez indépendants et sa majorité républicaine est très courte. Il a absolument besoin que des démocrates le rejoignent", indique-t-il.
"Du Reagan dans le texte". "Les républicains voulaient sa feuille de route, les démocrates ont eu droit à une opération séduction. De ce point de vue, c'est réussi", affirme Jean-Eric Branaa. "Le ton était parfait, posé, exactement ce que l’on attend d’un président", estime-t-il. Au point que le spécialiste de la politique américaine a vu dans ce discours la figure de l'ancien président républicain Ronald Reagan. "Quand il dit qu’il faut arrêter les chicaneries et travailler ensemble, c’est du Reagan dans le texte", analyse-t-il. L'hommage rendu à la veuve d'un soldat américain mort au combat, "là aussi, c'est exactement ce qu'aurait fait Reagan", abonde l'universitaire.
"Il souffle le chaud et le froid". Le 45ème président des Etats-Unis "présente un budget qui passera forcément à la moulinette du Congrès. La grande annonce, c’est 1.000 milliards de dollars dédiés au renouvellement des infrastructures du pays. C’est impossible à trouver", assure le spécialiste. Autre annonce formulée par Donald Trump : l'ouverture sur l'immigration. Les Etats-Unis doivent "abandonner le système actuel d'une immigration peu qualifiée et adopter à la place un système basé sur le mérite", a expliqué le président américain. "Ces derniers jours, le président semblait accepter les régularisations pour les clandestins qui payent leurs impôts et qui travaillent. Cette nuit, il confirme que les lignes vont bouger", décrypte Jean-Eric Branaa. "Le reste c’est de la posture", estime Jean-Eric Branaa. Pour le spécialiste de la politique américaine, Donald Trump a, tout au long de son discours, "soufflé le chaud et le froid". "Il dit qu’il veut augmenter le budget consacré à la recherche, mais dans le même temps, il veut abroger l'Obamacare. Il veut que les jeunes aient une bonne éducation, mais il veut démanteler le système d’éducation publique", illustre-t-il.
Les Américains, eux, semblent convaincus par le discours de président. Selon un sondage CNN/ORC, 57% des téléspectateurs ont trouvé très positif le discours de Donald Trump, et 69% des sondés se disaient plus optimistes quant au futur du pays.