Donald Trump drape d’une tonalité toute militaire la fête nationale américaine. Ce jeudi 4 juillet, jour de l’indépendance, le Commander in chief fait parader chars et avions dans la capitale. Lui-même a prévu de prendre la parole sur les marches du Lincoln Memorial, là-même où Martin Luther King prononça en 1963 son fameux "I have a dream".
Une démonstration à laquelle sont peu habitués les Américains, en cette journée traditionnellement apolitique outre-Atlantique, et qui a été inspirée à Donald Trump par sa venue à Paris le 14 juillet 2017. "Il y a deux ans, il avait été très impressionné parce qu’il avait vu, et a souhaité depuis mettre en place ce défilé", explique au micro de Matthieu Noël, sur Europe 1, Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste des Etats-Unis. "Il a eu beaucoup de mal car le ministère de la Défense y était plutôt hostile pour des raisons de coût, mais il y est arrivé cette année. Il va avoir son défilé aérien, son défilé de tanks, mais ce sera moins importants que ce que l’on connait en France, ce sera de portée plus réduite", précise-t-il.
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Une politisation de la fête nationale qui fait polémique
Surtout, le lancement de sa campagne en vue des élections de 2020 laisse craindre que le locataire de la Maison Blanche ne se serve de la fête nationale pour capitaliser. La décision de l’administration Trump d’établir une zone accessible uniquement sur billets autour du Lincoln Memorial pour le discours du président a d’ailleurs soulevé une vive controverse. "Ça part mal, c’est le grand défaut de cette journée : on a un peu l'impression d’avoir une fête privatisée, un événement de campagne", relève Corentin Sellin."On a, par exemple, de gros donateurs de la campagne Trump qui sont parmi les premiers invités pour son discours."
"Les Républicains ont un peu monopolisé les places et les billets", de quoi soulever l’ire des démocrates, poursuit notre spécialiste. Selon lui, on assiste à "une politisation de l’événement avec l’argent du contribuable". Politisation qui pourrait se poursuivre dans la prise de parole du président. "On se demande si Donald Trump, qui ne cesse de cliver, de provoquer dans ses tweets, saura être rassembleur dans son discours pour cette journée d’unité nationale". Il pourrait profiter de l’occasion pour faire l’éloge de son bilan, sur le thème du "Make America Great Again", comme il l'a déjà fait le 18 juin à Orlando, en annonçant être candidat à sa propre succession. "Donald Trump est un homme de coups. Son business, c’est la mise en spectacle de lui-même", conclut Corentin Sellin.