Donald Trump et Elon Musk fraternisent lors d'un échange marqué par une «cyberattaque»

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Aviva Fried (correspondante aux Etats-Unis) et AFP/Crédits photo : ETIENNE LAURENT, KAMIL KRZACZYNSKI / AFP

Lors d’une conversation menée dans la nuit de lundi à mardi, et marquée par des soucis techniques, Elon Musk et Donald Trump, candidat à la présidentielle américaine, ont échangé, sur X, un florilège de théories radicales.

Donald Trump et son richissime soutien Elon Musk ont échangé un florilège de théories radicales lundi, en comparant les immigrés clandestins à des "zombies" ou en parlant de "coup d'Etat" contre le président américain Joe Biden, lors d'une conversation sur X, largement retardée par des problèmes techniques.

Le patron du réseau social , également aux manettes de Tesla et Space X, avait promis un moment "très divertissant". Il a surtout permis à Donald Trump de recycler ses thèmes de campagne en présence d'un interlocuteur amical, déterminé à ne pas le contredire. L'ex-président républicain a une nouvelle fois promis "la plus grande déportation de l'histoire" des Etats-Unis , en affirmant faussement que l'afflux massif de migrants sous l'administration Biden a fait augmenter la criminalité.

 

"Nous avons des gens qui affluent comme si c'était une (...) apocalypse zombie", a acquiescé Elon Musk, qui a longtemps eu une relation compliquée avec Donald Trump mais le soutient publiquement depuis la tentative d'assassinat contre lui le mois dernier.

Le géant de la tech en a profité pour cataloguer Kamala Harris, nouvelle concurrente de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche, comme une candidate "d'extrême gauche". A la peine pour contrer l'enthousiasme généré par l'entrée en lice de Mme Harris, Donald Trump a remis en cause sa légitimité.  

Le renoncement de Joe Biden, plombé par les doutes sur sa santé, "était un coup d'Etat", a fulminé le tribun de 78 ans.

40 minutes de retard

La discussion a été écoutée par plus d'un million d'utilisateurs en direct, sur une plateforme de laquelle Donald Trump avait été banni après l'invasion du Capitole à Washington le 6 janvier 2021. Elle a débuté avec plus de 40 minutes de retard, à cause de problèmes techniques présentés par Elon Musk comme une cyberattaque. Le milliardaire a évoqué "une attaque DDOS massive", dite de déni de service, destinée à embouteiller les serveurs de l'entreprise pour provoquer une panne.

"Cette attaque massive illustre l'opposition de beaucoup de gens à entendre simplement ce que le président Trump a à dire", lorsque l'échange a finalement démarré. Embarrassant, l'épisode a rappelé le fiasco déjà subi par X lors de l'entrée en campagne de l'ex-candidat républicain Ron DeSantis, diffusée sur la plateforme et plombée par des problèmes techniques.

Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk -- qui l'a renommé X et a permis à Donald Trump d'y réactiver son compte --, la plateforme est mise en cause pour son laxisme face à la désinformation. Ses détracteurs l'accusent aussi d'être devenue un porte-voix pour la droite radicale.

 

A quelques heures de l'échange, le commissaire européen au numérique Thierry Breton a mis en garde Elon Musk, lui adressant un courrier pour lui rappeler ses obligations de modération.

Camarades

Pendant deux heures, les deux milliardaires sont apparus comme deux camarades discutant dans un bistro, sans jamais s'opposer. Donald Trump a par exemple ironisé sur le changement climatique, en expliquant que la montée des océans se traduira par "plus de propriétés en bord de mer". Ce qui ne l'a pas empêché de louer les voitures électriques Tesla produites par son interlocuteur, qu'il trouve "incroyables". 

"Ce n'est pas comme si la maison était en feu immédiatement", a abondé Elon Musk, qui a félicité le tribun pour ses "tweets épiques". Donald Trump en a profité pour vanter ses relations avec des dirigeants autoritaires comme le président russe Vladimir Poutine ou le Nord-Coréen Kim Jong Un. S'il revient au pouvoir, les Etats-Unis seront plus en sécurité sur la scène mondiale, a-t-il promis.

 

"Je pense que les gens sous-estiment le risque d'une troisième guerre mondiale", a complété Elon Musk. Le patron a même semblé candidater pour un poste sous une future potentielle administration Trump, en expliquant qu'il aimerait participer à une commission qui "s'assurerait que l'argent des contribuables est dépensé à bon escient".

Une perspective séduisante pour l'ex-président, qui a félicité Elon Musk pour les vagues de licenciements qu'il a imposées chez X. "Vous êtes le meilleur réducteur de coûts", a-t-il complimenté.

A moins de trois mois de l'élection présidentielle, Elon Musk a conclu en dramatisant les enjeux du scrutin. "Je pense que nous sommes à un tournant du destin de la civilisation et je pense que nous devons prendre le bon chemin", a-t-il confié à Donald Trump. "Et je pense que vous êtes le bon chemin".