Après avoir rencontré Kim Jong Un au terme d'une escalade verbale sans précédent avec la Corée du Nord, Donald Trump se dit désormais prêt à voir les dirigeants iraniens "quand ils veulent", malgré la fermeté affichée ces derniers mois contre l'Iran.
Trump prêt à rencontrer Rohani. "Je ne sais pas s'ils y sont prêts", a déclaré lundi le président des États-Unis répondant à une question sur une éventuelle rencontre avec son homologue iranien Hassan Rohani. "J'imagine qu'ils voudront me rencontrer, je suis prêt à les rencontrer quand ils veulent". Selon lui, c'est "bon pour eux, bon pour nous, bon pour le monde entier", surtout "si nous pouvons trouver une solution sérieuse, pas un gâchis de papier comme l'autre accord".
Des conditions sévères pour le retour du dialogue
Un retour indispensable des États-Unis dans l'accord, pour l'Iran. Un conseiller du président Rohani a déclaré mardi que tout pourparlers avec les États-Unis devaient commencer par une réduction des hostilités et un retour à l'accord sur le nucléaire. "Le respect de la grande nation iranienne, la réduction des hostilités, le retour des États-Unis dans l'accord nucléaire... Cela ouvrira le chemin chaotique du moment", a écrit Hamid Aboutalebi sur Twitter.
Une attitude américaine très sévère. Donald Trump a annoncé en mai le retrait des États-Unis de l'accord international censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, qu'il juge trop laxiste. Il a rétabli toutes les sanctions levées après sa signature en 2015, avec un sévère contrecoup pour de nombreuses entreprises européennes, sommées de quitter l'Iran sous peine d'être frappées par des mesures punitives américaines. Washington a dressé une liste de douze conditions draconiennes pour un nouvel accord avec l'Iran.
Un changement profond de l'Iran attendu. Donald Trump a en revanche assuré ne pas poser de conditions à une rencontre qui serait la première entre des présidents américain et iranien depuis la révolution islamique de 1979. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale a affirmé que "les États-Unis sont prêts à prendre des actions pour supprimer les sanctions, rétablir des relations diplomatiques et commerciales totales, permettre à l'Iran d'avoir une technologie avancée et soutenir la réintégration de l'économie iranienne dans le système économique international".
"Cependant, cet assouplissement n'est possible que s'il y a des évolutions tangibles, prouvées et durables dans les politiques de Téhéran", a ajouté Garrett Marquis. "Jusque-là, le fardeau des sanctions ne sera que de plus en plus lourd si le régime ne change pas de voie".
Après la Corée du Nord, l'Iran ?
Une montée de tension. L'ouverture américaine intervient en tout cas alors que le ton était monté ces derniers jours. Le président Rohani a d'abord prévenu qu'un conflit avec l'Iran serait la "mère de toutes les guerres". "NE MENACEZ PLUS JAMAIS LES ÉTATS-UNIS OU VOUS ALLEZ SUBIR DES CONSÉQUENCES TELLES QUE PEU AU COURS DE L'HISTOIRE EN ONT CONNUES AUPARAVANT", lui a directement répondu Donald Trump dans un tweet en majuscules. "SOYEZ PRUDENT!", a ensuite rétorqué, sur le même mode, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
L'Iran, nouvel ennemi numéro 1 des États-Unis ? Le registre de l'avertissement américain rappelle celui employé il y a un an contre les ambitions nucléaires de la Corée du Nord, à laquelle Donald Trump promettait "le feu et la colère" et une "destruction totale" en cas d'agression. Pense-t-il pouvoir reproduire ce scénario avec la République islamique ? Téhéran a en tout cas remplacé Pyongyang comme ennemi numéro un de Washington, et la "pression maximale", qui a disparu du lexique de Donald Trump au sujet de la Corée du Nord, est désormais évoquée pour faire plier l'Iran.
Un Trump isolé. Mais, pour l'instant, le reste de la communauté internationale, qui avait suivi les États-Unis en imposant de lourdes sanctions contre le régime nord-coréen l'an dernier, refuse d'en faire autant face aux autorités iraniennes. Les alliés européens, en particulier, tentent envers et contre tout de sauver l'accord sur le nucléaire iranien. Dans ce contexte, Donald Trump va-t-il finalement rencontrer Hassan Rohani ? Une occasion pourrait se présenter lors de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, fin septembre à New York.