Panique à tous les étages : Donald Trump a remanié pour la seconde fois son équipe de campagne pour tenter d'enrayer sa chute face à Hillary Clinton, de plus en plus favorite du scrutin présidentiel américain de novembre. Le candidat républicain à la Maison-Blanche a annoncé mercredi avoir écarté le lobbyiste qui avait pris la tête de son équipe de campagne en juin, Paul Manafort, au profit de deux conservateurs dont la mission est claire: laisser Trump faire du Trump.
Un directeur de campagne devenu gênant. Paul Manafort, 67 ans, s'est retrouvé sous les projecteurs pour ses liens avec l'ex-président ukrainien pro-russe, Viktor Ianoukovitch, destitué en 2014. Selon les autorités anti-corruption ukrainiennes, son nom figurait sur une "liste noire" du parti de Viktor Ianoukovitch pour des versements en liquide, sans que l'on sache avec certitude s'il a touché cet argent. Le lobbyiste a fait carrière à l'international, conseillant des clients tels que l'ancien dictateur du Zaïre Mobuto Sese Seko ou l'ancien président philippin Ferdinand Marcos. Son nom était aussi cité dans l'affaire Karachi en France. Cette mise sous les projecteur a conduit le candidat républicain à le remercier mercredi.
Un duo pour reprendre le flambeau. Le nouveau "directeur général" s'appelle Stephen (Steve) Bannon et dirige le site d'informations conservateur Breitbart, dont il quittera la direction temporairement. Le communiqué souligne qu'il fut qualifié dans un article d'homme le plus "dangereux" de la politique américaine. Sa réputation est celle d'un homme sans concession, partisan de l'attaque à outrance. A ses côtés est promue Kellyane Conway, une sondeuse et consultante républicaine qui conseillait Donald Trump depuis juillet et devient sa directrice de campagne. En pratique, elle se concentrera sur la communication et voyagera sur le terrain avec le candidat.
"Je connais Steve et Kellyane depuis des années. Ils sont extrêmement capables et compétents, ils adorent gagner et savent comment gagner", a déclaré Donald Trump dans un communiqué. Paul Manafort conserve son titre de "président" de l'organisation de campagne, mais sa marginalisation est actée. Lui-même avait remplacé Corey Lewandowski, le premier directeur de campagne de Donald Trump, limogé en juin, à une époque où le candidat souhaitait "présidentialiser" son image.
Un positionnement variable et des sondages en baisse. Malgré l'usage occasionnel de prompteurs pour des discours programmatiques, le milliardaire populiste a continué à déraper, lors de discours ou en interviews. La période depuis la fin juillet n'a été qu'une suite de controverses, Donald Trump appelant la Russie à récupérer des messages privés d'Hillary Clinton, s'affrontant à distance avec les parents d'un militaire américain musulman mort au combat, ou insinuant que seules les armes pourraient permettre de résister à une présidence Clinton...
"Je suis qui je suis. C'est moi. Je ne veux pas changer. Tout le monde dit, oh, il va 'pivoter'. Je ne veux pas pivoter", a-t-il finalement déclaré mardi à la télévision locale WKBT, dans le Wisconsin. Le choix de Steve Bannon pour diriger sa campagne est le signal que Donald Trump entend revenir à ce qui a fait son succès aux primaires républicaines, contre 16 autres candidats: une parole enflammée et décapante, sans égards pour les conventions politiques.
Le remaniement intervient alors que Donald Trump est en chute libre dans les sondages. La démocrate est créditée de 47% des intentions de vote contre 41% en moyenne, selon le site Real Clear Politics. Aucune étude n'a placé Donald Trump en tête depuis la fin de la convention d'investiture républicaine, en juillet. Ce remaniement reste le symptôme d'un problème persistant: l'absence de stratégie électorale pour élargir sa base de soutien au-delà du noyau d'électeurs des primaires, afin de battre Hillary Clinton dans les urnes.