Le programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals) avait pour objectif de faire sortir de l'ombre les enfants arrivés illégalement aux Etats-Unis avec leurs parents en leur permettant d'étudier et de travailler au pays de l'Oncle Sam. C'est Barack Obama qui avait rendu possible le rêve de ceux que l'on surnomme les '"Dreamers" (les rêveurs) grâce à un décret paru en 2012. Mais Donald Trump a choisi d'y mettre fin. Le président américain devrait annoncer sa décision mardi.
- Qui sont les "Dreamers"?
Les "Dreamers", ce sont des jeunes, sans papiers, arrivés aux États-Unis avec leurs parents avant l'âge de 16 ans et très largement intégrés à la société américaine. Selon les services d'immigration et de la citoyenneté (USCIS), ils seraient environ 800.000 sur le territoire. La plupart sont originaires d'Amérique Latine.
Sous certaines conditions - être arrivés avant l'âge de 16 ans aux États-Unis, avoir été âgés de moins de 31 ans au 15 juin 2012, être présents continuellement depuis 2007 sur le territoire, être sans condamnation grave, avoir été à l'école, posséder un diplôme de l'équivalent du bac ou avoir été engagé dans l'armée - ces jeunes immigrés pouvaient jusqu'alors obtenir un permis de séjour de deux ans, renouvelable. Ce permis de séjour les autorisait à travailler. Ils n'étaient par ailleurs pas expulsables. Toutefois, leur statut ne leur donnait le droit à aucune régularisation future ni à aucune naturalisation.
- Que va-t-il se passer pour ces jeunes ?
Difficile à dire pour le moment. A priori, si le programme est supprimé, les jeunes "rêveurs" pourraient se retrouver à la merci d'une expulsion. Selon le site en ligne Politico, Donald Trump mettrait fin à ce programme emblématique avec un délai de six mois de manière à laisser au Congrès le temps de trouver une solution pour ces "Dreamers". Mais un compromis au Congrès en quelques mois sur un sujet qui divise Washington depuis des années est loin d'être acquis.
- Comment expliquer cette décision ?
En mettant fin à ce programme Donald Trump veut rappeler à sa base d'électeurs, ceux qui l'ont élu président des Etats Unis sur un discours de grande fermeté sur l'immigration, que les Américains passent en premier. "America First" avait- il martelé sans cesse, durant sa campagne et lors de son arrivée à la Maison-Blanche, en janvier dernier. Donald Trump "veut faire ce qui est juste pour le travailleur américain, pour les habitants de ce pays qui se battent pour les emplois", a affirmé sur Fox News sa conseillère Kellyanne Conway.
Malgré tout, le "commander in chief" avait fait part de ses doutes il y a quelques mois sur la question des "Dreamers", affirmant qu'il s'agissait selon lui "d'un des sujets les plus difficiles qui soit". Vendredi, il avait par ailleurs assuré à des journalistes présents à la Maison-Blanche qu'il "adorait les Dreamers".
- Pourquoi ce sujet fait-il polémique ?
Dans le camp républicain, nombre de voix ont mis en garde depuis plusieurs jours contre la tentation d'effacer d'un trait de plume ce programme emblématique. Le sénateur républicain James Landford résumait le malaise d'une phrase: "En tant qu'Américains, nous ne tenons pas les enfants légalement responsables des actes de leurs parents".
Une grande partie du monde des affaires, en particulier dans la Sillicon Valley, est également vent debout contre une remise en cause de ce décret. Mark Zuckerberg a changé son profil Facebook, avec une photo accompagnée d'un message simple: "Je soutiens Daca". "250 de mes collègues d'Apple sont des Dreamers. Je suis avec eux. Ils méritent notre respect et une solution digne des valeurs américaines", a tweeté dimanche Tim Cook, PDG d'Apple.
250 of my Apple coworkers are #Dreamers. I stand with them. They deserve our respect as equals and a solution rooted in American values.
— Tim Cook (@tim_cook) 3 septembre 2017
Cette décision pourrait également pousser Barack Obama à donner de la voix. Lors de sa dernière conférence de presse avant son départ de la Maison-Blanche, le 18 janvier, l'ancien président avait affiché sa volonté de rester en retrait mais il avait aussi énuméré les conditions qui pourraient le pousser à sortir de son silence si les "valeurs fondamentales" de l'Amérique étaient menacées. "Je mets dans cette catégorie les efforts visant à expulser des enfants qui ont grandi ici et qui sont, à tous égards, des enfants américains", avait-il lancé, fustigeant l'idée de punir, pour des raisons purement politiques, "ces enfants qui n'ont rien fait de mal".