"Il n'y a aucune raison de penser que les Jeux de Rio seront propres", a affirmé samedi Vitali Stepanov, ancien contrôleur de l'agence antidopage russe et à l'origine, avec son épouse Yuliya, des révélations sur le dopage dans l'athlétisme de son pays. "Cela a toujours été le cas aux jeux Olympiques, il n'y a jamais eu de Jeux propres, et il n'y a aucune raison de penser que Rio sera propre. Malheureusement, des athlètes dopés seront en compétition", a déclaré le lanceur d'alerte au journal brésilien O Estado de Sao Paulo.
Rouages d'un système. L'interview s'est déroulée sur Skype depuis "un endroit en Amérique du nord", où les époux Stepanov vivent en exil, loin de la Russie où leurs révélations a fait d'eux des parias, voire des traîtres pour certains. La faute aux déclarations de Yuliya, visage découvert, dans un documentaire de l'ARD diffusé en décembre 2014. Cette ancienne coureuse de 800 m, suspendue deux ans pour dopage, y dévoile les rouages d'un système de dopage à grande échelle, orchestré par les autorités sportives russes et couvert par de la corruption. Mais Yuliya, bien que soutenue par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) qui l'avait repêchée pour les JO de Rio, a été interdite de concourir au Brésil par le Comité international olympique (CIO), en raison d'un contrôle positif en 2013.
Les valeurs olympiques" contre "l'argent". L'instance olympique "n'a jamais soutenu ceux qui ont dénoncé le dopage ou la corruption. Elle craint les lanceurs d'alerte parce ça serait la fin d'un système entier", a expliqué Stepanov. "Ils ne veulent pas de la vérité, a-t-il insisté. Nous avons les preuves de corruption dans le noble sport des jeux Olympiques, mais le CIO ne veut pas savoir." Le fait que le CIO n'ait pas voulu exclure l'intégralité de la délégation russe, laissant le soin aux fédérations de faire le tri montre que "c'est tolérance zéro non pour le dopage, mais pour l'éthique", a-t-il estimé. "Ils veulent montrer au monde que tout se passe bien et tout doit être couvert. Ils préfèrent cacher quelque chose de négatif, parce que les problèmes font perdre de l'argent. Le CIO n'est pas animé par les valeurs olympiques, mais par l'argent", a-t-il ajouté.
Le CIO avait décidé d'inviter les époux Stepanov à Rio, mais ils ont fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention de se rendre au Brésil comme simples spectacteurs. L'Agence mondiale antidopage et l'Agence américaine antidopage ont apporté leur soutien à Stepanova après son exclusion et une pétition en ligne réclamant sa participation aux JO-2016 a déjà reçu 20.000 signatures.