Une entreprise de Barcelone a causé l'indignation en Espagne en offrant des logements "capsules" de seulement 2,4 mètres carrés, pour 200 euros par mois.
Comme des "cercueils". "Heureusement, il est interdit d'entasser les personnes. La législation ne permet pas ce type d'habitacle", a critiqué jeudi la maire de Barcelone Ada Colau, en disant clairement qu'elle ne concéderait pas les licences nécessaires au lancement de cette activité. "Dans les cimetières aussi il y a des maisons comme ça : on appelle ça des cercueils", a ironiquement réagi sur Twitter Inigo Errejon, une des figures du parti de gauche radiale Podemos, troisième force politique du pays. Malgré ces critiques, les opposition, l'entreprise a déjà commencé à construire la première des huit maisons qu'elle a l'intention de bâtir et assure qu'elle sera prête à la fin du mois.
Des loyers de plus en plus élevés. Les promoteurs du projet, qui fait penser aux "hôtels capsule" du Japon, le présentent comme une solution d'urgence pour les travailleurs en contrat temporaire qui n'ont pas les moyens de payer un loyer, dont le montant est de plus en plus élevé à Barcelone, la ville la plus touristique d'Espagne. "Nous sommes partis de l'idée qu'un groupe de personnes qui ne peuvent pas accéder au logement, peuvent se regrouper et aller de l'avant", a expliqué Victoria Cerdan, une des promotrices de Haibu (un nom qui signifie "ruche" en japonais).
"Ça" ou "la rue". Le projet d'Haibu est une maison de plus de 100 m2, avec cuisine, espaces communs et internet, à partager entre 14 personnes, qui disposeraient d'habitacles privés de 1,29 m de large, 1,20 m de haut et 2 m de long, avec un lit, une table et deux étagères. "Évidemment, ce n'est pas un logement digne, personne ne le voudrait pour soi", a reconnu Victoria Cerdan. "Mais personne ne veut un salaire de 500 euros et malheureusement, il y en a. Avant la vie dans la rue ou dans une entrée de distributeur automatique, nous, nous offrons ça", a-t-elle argumenté.
Les salaires peu élevés des jeunes. L'initiative surgit sur fond de très forte hausse des loyers dans les sites touristiques et grandes villes comme Barcelone : le prix moyen y a augmenté de 28,7% entre 2014 et 2017, jusqu'à 903 euros, selon l'Observatoire municipal du logement. Le salaire moyen espagnol est de 1.880 euros par mois (mais n'atteint pas les 1.300 pour les moins de 30 ans), ce qui rend très difficile l'accès au logement. Ses promoteurs voudraient réserver ces "ruches" à des personnes âgées de 25 à 45 ans avec des salaires supérieurs à 450 euros. Selon l'entreprise, 500 personnes s'y sont déjà intéressées.