Après un suspense long de plus d'un demi-siècle, l'administration Trump a publié jeudi près de 3.000 dossiers secrets sur l'assassinat du président américain John F. Kennedy, repoussant toutefois de six mois la divulgation de certains documents jugés trop "sensibles". Un report qui risque d'alimenter encore le flot intarissable des théories du complot, même si les experts ne s'attendent pas à de grandes révélations, cinquante ans après la mort de John F. Kennedy le 22 novembre 1963 à Dallas, au Texas.
Des documents inédits. On attendait la publication des 3.100 dossiers encore secrets. Finalement, 2.891 ont été mis en ligne jeudi soir sur le site des Archives nationales américaines. Renfermant des dizaines, voire des centaines de milliers de documents encore jamais publiés, certains de ces dossiers remontant à 1962, avant même la mort du 35ème président des États-Unis. Comme celui contenant un compte-rendu d'une réunion où le chef de la CIA explique que ses services étudient les possibilités de saboter des pièces aéronautiques destinées à être envoyées depuis le Canada à Cuba.
Rapport des patrons du FBI, entretiens avec des témoins venus donner des pistes à la police dans les jours après l'assassinat... Le passage au crible de cette avalanche de nouvelles informations promet d'occuper longuement les passionnés.
Certains dossiers sensibles restent secrets. "Les Américains attendent, et méritent, que leur gouvernement offre un accès aussi large que possible" à ces dossiers, afin d'être "informés sur tous les aspects de cet événement décisif", a écrit Donald Trump dans un communiqué. Mais "le président a autorisé à retenir temporairement certaines informations qui pourraient porter atteinte à la sécurité nationale, au maintien de l'ordre ou aux affaires étrangères", ont précisé les Archives nationales américaines.
Six mois pour censurer au besoin. Le président américain a donné six mois aux services de renseignement, jusqu'au 26 avril 2018, pour éplucher les documents jugés sensibles et en censurer, le cas échéant, les parties les plus délicates. "Je n'ai pas d'autre choix, aujourd'hui, que d'accepter qu'on les étudie plutôt que de permettre une atteinte potentiellement irréversible à la sécurité de notre nation", a-t-il souligné.
Une théorie officielle qui ne satisfait pas. Une commission d'enquête lancée quelques jours après la mort du charismatique président de 46 ans, la commission Warren, avait conclu que "JFK" avait été tué par l'ancien Marine tireur d'élite Lee Harvey Oswald, ayant agi seul. Cette position officielle n'a pourtant jamais suffi à étouffer les hypothèses sur un complot ourdi contre le 35ème président américain à Dallas, au Texas.
Nouveau souffle pour les théories du complot ? Des centaines d'ouvrages et de films ont alimenté la thèse du complot, pointant du doigt les adversaires de la Guerre froide qu'étaient l'Union soviétique et Cuba, la mafia et même le vice-président Lyndon B. Johnson. Des hypothèses qui avaient repris un nouveau souffle après la sortie du film JFK d'Oliver Stone en 1991. Face au débat public alors décuplé, une loi avait été signée en 1992 imposant la publication de tous ces documents, en intégralité et sans censure, après 25 ans. Mais leur divulgation risque de ne pas suffire à faire taire même les thèses les plus folles.