Un scandale mondial qui n'épargne pas la France. Des médias internationaux ont fait dimanche de spectaculaires révélations sur le système "offshore" de la finance mondiale, baptisé "Panama Papers". De nombreuses personnalités du monde entier sont épinglées par cette longue enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), qui a mis au jour 11,5 millions de documents sur plus de 200.000 sociétés-écran.
Au cœur du scandale : la société panaméenne Mossack Fonseca, qui permet aux riches de ce monde de dissimuler leur argent dans la "finance offshore". En tout, près d'un millier de ressortissants français sont concernés. Parmi eux, on retrouve plusieurs personnalités comme Patrick Drahi, Michel Platini, des proches de Marine et Jean-Marie Le Pen, ou encore Patrick Balkany.
Michel Platini : une société écran créée en 2007. Michel Platini n'en a pas fini avec ses ennuis. Le président de l'UEFA, suspendu fin décembre pour huit ans par la commission d'éthique de la Fifa dans le cadre de l'affaire du paiement controversé de 1,8 million d'euros reçu de la part de Joseph Blatter, est désormais cité dans le scandale "Panama Papers", tout comme Jérôme Valcke, ex-bras droit de Blatter, suspendu pendant 12 ans de toute activité dans le football.
L'ancien numéro 10 des Bleus s'est ainsi appuyé sur la société Mossack Fonseca pour créer une société offshore au Panama en 2007, onze mois après son élection à la tête de l'UEFA, explique Le Monde. Cette société, Balney Enterprises Corp., est toujours active, assure le quotidien. Quel en est l'objectif ? Mystère. "Tous mes comptes, toutes mes participations et comptes bancaires sont connus des autorités suisses. S'ils veulent des informations sur cette société, qu'ils interrogent ma banque", a fait répondre Platini par son communicant.
Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen. Selon des informations du Monde révélées le 5 avril, Frédéric Chatillon, un proche de la dirigeante du FN, aurait organisé avec le concours de Nicolas Crochet, conseiller économique du FN, la sortie de 316.000 euros de sa société de prestation Riwal et du territoire français. Les deux hommes, déjà mis en examen dans l'enquête autour de "Jeanne", le micro parti de Marine Le Pen, se seraient appuyés sur un montage complexe, passant notamment par l'acquisition d'une société écran basée à Hongkong, et dont la maison mère a été domiciliée aux îles Vierges britanniques par la firme Mossack Fonseca.
"Tout ce qui sera fait pour essayer de relier cela au FN ou à Marine Le Pen cela sera tout simplement de la diffamation", avait estimé sur Itélé à la veille de ces révélations le vice-président du FN Florian Philippot. De nouveau interrogé par la chaîne mardi, le responsable déclare : "Un parti politique et un prestataire ce n'est pas la même chose !"
L'ex-majordome de Jean-Marie Le Pen. En 2008, Gérald Gérin, l'ancien majordome et homme de confiance de Jean-Marie Le Pen, est devenu l'ayant-droit d'une société offshore nommée Balerton Marketing Limited, après la mort Georges Paschos, le frère de Jany Le Pen, la seconde épouse du "Menhir", et premier bénéficiaire de cette société-écran. Les enquêteurs de Tracfin soupçonnent Jean-Marie Le Pen de s'être servi de son ancien majordome pour dissimuler une partie de sa fortune. Selon les informations du Monde, les avoirs de la société Balerton Marketing Limited se composeraient de 97.000 euros en billets, de 854. 000 euros en titres, 26 lingots et autres pièces d'or. Mais l'identité du véritable bénéficiaire de ce trésor n'est pas connue. Pour Gérald Gérin, cet argent "n'a rien à voir" avec le fondateur du FN.
Les autres noms : Balkany, Cahuzac, Drahi. D'autres Français ont été cités par la société de production Premières lignes, qui produit le magazine d'information de France 2 Cash investigation, dont un numéro spécial sera diffusé mardi soir. Jérôme Cahuzac, l'ancien ministre du Budget, est ainsi épinglé, après avoir été (déjà) au cœur du scandale pour avoir dissimulé un compte en Suisse. De même, on retrouve le nom de Patrick Balkany, le député-maire LR de Levallois.
Une autre personnalité française apparaît dans cette liste : il s'agit de Patrick Drahi, l'homme d'affaires franco-israélien propriétaire du groupe Altice. Le groupe Altice (maison mère de SFR) reconnaît avoir eu recours à une société enregistrée au Panama mais "dans des conditions parfaitement légales" et "sans aucune incidence fiscale", insiste-il dans un communiqué publié lundi en menaçant de poursuites toute association de son patron "avec des situations frauduleuses" dans cette enquête.
La Société générale citée. Une grande banque française est également citée. Ainsi, la Société Générale, qui "avait promis de changer, administre encore des dizaines de sociétés écran dans les paradis fiscaux", affirme Premières lignes. D'autres noms seront révélés par Le Monde et Cash investigation dans les jours à venir.